L'ère contestée du CNT libyen discrédité a pris fin. Dans l'emblématique place des martyrs de Tripoli, l'avènement de la nouvelle assemblée, élue le 7 juillet, consacre le début de la transition de toutes les attentes. Face à l'impuissance criante de l'ex-CNT, la loi d'airain des milices a fait plonger la nouvelle Libye dans un état de déliquescence. La violence au quotidien sévit dans un pays marqué par la résurgence des rivalités tribales, la montée des antagonismes régionaux et des tendances séparatistes. Au moment où la nouvelle assemblée constituante prenait ses fonctions, la mutinerie de la prison de Jedaida (Tripoli), passant aux mains des autorités libyennes, et l'assassinat d'un général d'armée et d'un haut responsable de la défense, à Benghazi, renseignent sur l'état de déliquescence. Y aurait-il un lien avec les revendications autonomistes de la région de l'Est libyen criant à la marginalisation ? C'est dire que l'enjeu sécuritaire constituera un chantier prioritaire. « Nous exigeons que le Congrès national fasse tout pour assurer la sécurité des citoyens et qu'il s'occupe en particulier du désarmement des milices qui ne dépendent pas du ministère de l'Intérieur ou de la Défense », relève un citoyen. La tâche n'est pas aisée. C'est donc en rassembleur que le président élu du Congrès général national (CGN), Mohamed El-Megaryef, présenté comme étant proche des frères musulmans, s'attache à poser les fondements d'un Etat loin de « toutes les considérations politiques, régionales et tribales ». Lors de la première séance officielle du Congrès général, le rôle d'arbitre l'a amené à démissionner de son parti et à se prévaloir de la « même distance » envisagée avec tous les membres de l'assemblée valide la démarche dialoguiste avec « toutes les forces politiques et les composantes de la société, y compris celles qui ne sont représentées au CGN ». Il se déclare engagé dans « une course contre la montre » pour asseoir les fondements de l'Etat et des institutions. Fort d'une légitimité retrouvée et d'un consensus exprimé par son élection incontestée, le président du CGN, assisté de deux vice-présidents issus de deux grandes formations de l'assemblée, est appelé à procéder dans l'urgence à la désignation d'un nouveau gouvernement et à préparer les élections générales. Le chantier de la reconstruction est lancé.