Après une bataille juridique qui a duré toute la matinée d'hier, le président de la chambre pénale près la cour d'Alger, le juge Tayeb Hellali, a décidé le report du procès en appel de l'affaire d'Algérie Télécom au 25 septembre prochain, en raison de l'état de santé de l'accusé principal en l'occurrence Mohamed Boukhari, ex-conseiller du PDG d'Algérie Télécom, accusé blanchiment d'argent et corruption. Aussitôt le procès ouvert, la défense composée d'une vingtaine d'avocats a demandé son report. L'accusé Boukhari s'est présenté à la barre avec une mine pâle. Il a trouvé des difficultés pour se tenir debout avant que le tribunal ne l'autorise à s'asseoir, chose qui a irrité la défense. Maître Chenaif a été la première avocate à réagir. « Est-ce qu'il s'agit d'un procès Moubarek bis qui a été jugé alité ? », avant que Maître Khaled Bourayou l'un des avocats de Boukhari, n'intervienne pour demander le report du procès en raison de la dégradation de la santé de son client en qualifiant sa présentation dans cet état de « scandale dans l'histoire de la justice ». Et même si M. Boukhari avait subi deux interventions chirurgicales, le juge Hellali s'est basé dans sa réponse sur le rapport médical qui mentionne que l'accusé a été autorisé à quitter l'hôpital et qu'il pouvait assister à l'audience sauf en cas de complications. Le magistrat a saisi l'occasion pour démentir avoir délivré un mandat d'amené à l'encontre de l'accusé. Maître Bourayou l'interroge alors sur l'objectif de vouloir juger cette affaire dans la précipitation. Le juge réplique : « J'ai un document officiel, un rapport médical et je n'ai aucun intérêt dans cette affaire. Moi j'applique la loi et je n'ai peur que de Dieu ». C'est là que Maître Samir Sidi Saïd intervient. Il fait remarquer au président du tribunal que le rapport médical a été établi le 8 août soit le jour de sortie de l'accusé de l'hôpital. « On a l'image en live monsieur le juge. Boukhari est très souffrant et c'est dramatique de le juger dans ces conditions, que la justice soit humaine et préserve les droits de la défense aussi », souligne l'avocat. Lors de l'audience, Maître Khaled Bourayou, avocat de l'accusé Chani Mejdoub, réitère sa demande relative à la convocation en tant que témoin du représentant de la banque Natexis du Luxembourg et de Dominique Fermier, un de ses intermédiaires. « Il est à l'origine de l'inculpation de Chani Mejdoub dans cette affaire et de sa condamnation à 18 ans de prison », rappelle-t-il. Le juge Hellali lui fait remarquer que le dossier de l'affaire ne contenait aucune demande dans ce sens. En pleine « bataille juridique », l'accusé Boukhari s'évanouit. On fait appel au médecin de la cour. Le juge décide alors la levée de l'audience pour délibération. Deux heures après, le tribunal décide le renvoi de cette affaire au 25 septembre prochain. Le pôle judiciaire de Sidi M'Hamed avait condamné, en juin dernier, Mohamed Boukhari et Mejdoub Chani à 18 ans de prison ferme assortie d'une amende de 5 millions DA et la confiscation de leurs biens pour blanchiment d'argent et corruption. Deux sociétés chinoises poursuivies dans cette affaire ont été condamnées en tant que personnes morales à une amende de 3 millions DA et à l'exclusion des marchés publics pendant trois ans. Trois de leurs responsables, en fuite, ont écopé de 10 ans de prison.