le procès renvoyé au 7 août pour absence du principal prévenu El Watan, 18 juillet 2012 Le procès en appel de Mohamed Boukhari, ex-conseiller du PDG d'Algérie Télécom, de Mejdoub Chani, homme d'affaires algéro-luxembourgeois, et des sociétés chinoises ZTE et Huawei a été renvoyé, hier, au 7 août prochain par la chambre pénale près la cour d'Alger. Le président Tayeb Hellali a pris cette décision en raison de l'absence à l'audience de Mohamed Boukhari, hospitalisé. Poursuivis et condamnés par le tribunal de Sidi M'hamed à une peine de 18 ans de prison ferme, pour «corruption et blanchiment d'argent» (entre 2002 et 2006), et après avoir interjeté appel, Mohamed Boukhari, ancien conseiller du PDG d'Algérie Télécom (en détention), et Mejdoub Chani, homme d'affaires algéro-luxembourgeois, cité dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest (en détention), étaient cités à comparaître, hier, avec deux sociétés chinoises, ZTE et Huawei, devant la chambre pénale près la cour d'Alger. Dès l'ouverture de l'audience, en fin de matinée, le président Tayeb Hellali les appelle à la barre, mais Boukhari n'était pas présent, en raison de son hospitalisation depuis quelques jours, pour des problèmes de santé. L'un des avocats de Mejdoub Chani, Me Khaled Bourayou, a profité pour demander à la cour la convocation du représentant de la banque Natixis de Luxembourg ainsi que le nommé Dominique Fermier, qui exerce au sein de la même institution financière. Le magistrat s'y oppose. «Je ne peux sortir du contenu du dossier que j'ai entre les mains. Vous auriez dû demander la présence de ces deux personnes lors de l'instruction ou lors du jugement en première instance. Votre demande est donc refusée», a répondu le président. Ce qui pousse l'avocat à prendre acte du refus et l'affaire a été renvoyée au 7 août prochain. Celle-ci, faut-il le rappeler, a éclaté à la faveur de la commission rogatoire transmise par le juge d'instruction en charge du dossier de l'autoroute Est-Ouest, aux autorités luxembourgeoises, pour enquêter sur les biens de Chani Mejdoub. Les réponses font état, parmi la liste des entreprises qui lui appartiennent, d'une société fiduciaire où sont domiciliés les comptes de deux entités économiques fictives appartenant à Mohamed Boukhari, alimentés par les sociétés chinoises ZTE et Huawei, qui l'avaient recruté en tant que conseiller à la communication, alors qu'il occupait toujours son poste au sein d'Algérie Télécom. Pour Mohamed Boukhari, les sommes versées, qui ont atteint 9 millions de dollars, représentaient en fait sa rémunération en tant que conseiller à la communication, mais le contrat, qu'il a signé avec les Chinois, précisait que 50% des versements appartiennent aux représentants chinois installés en Algérie, qui sont (au nombre de trois) actuellement en fuite et contre lesquels un mandat d'arrêt international a été lancé. Mohamed Boukhari avait clamé son innocence, soulignant que les contrats de consulting qu'il a signés avec les Chinois n'avaient aucun lien avec les marchés qu'ils avaient obtenus. Pour ses avocats, l'argent qu'il percevait de la part des deux sociétés n'appartient pas à Algérie Télécom et ne constituait nullement le produit de la corruption, à partir du moment où le prévenu n'avait aucun pouvoir pour peser dans l'octroi des marchés au sein d'Algérie Télécom. Dans l'affaire, Mejdoub Chani avait, lui aussi, crié son innocence arguant du fait que l'ouverture de comptes offshore au profit des Chinois et de Mohamed Boukhari faisait partie de son métier en tant que propriétaire d'une société fiduciaire luxembourgeoise. Condamnation par défaut Selon lui, la banque Natixis du Luxembourg n'avait pas à autoriser Mohamed Boukhari ou tout autre société à avoir accès à ces comptes, étant donné qu'il est le seul fondé de pouvoir. Chani avait précisé au tribunal que dans l'affaire, c'est lui qui a été escroqué non seulement par Natixis, contre laquelle il a déposé plainte, mais également par Boukhari et les deux sociétés chinoises. Les représentants de celles-ci ont, quant à eux, nié toute implication dans ce dossier. Eux aussi se sont déclarés comme étant victimes «d'une escroquerie» organisée par leurs anciens représentants. La société mère, avaient-ils soutenu, a subi un préjudice, puisqu'elle ne savait pas que l'argent qu'elle virait alimentait des comptes qui n'avaient aucun lien avec les marchés pour lesquels elle soumissionnait. Mais le tribunal en a décidé autrement. Chani et Boukhari avaient été condamnés à une peine de 18 ans de prison ferme assortie d'une amende de 5 millions de dinars. Les trois représentants des sociétés chinoises, ZTE Algérie et Huawei Algérie, Dong Tao, Chen Zhibo et Xiao Chuhfa, en fuite, ont été condamnés par défaut à la peine de 10 années de prison ferme pour trafic d'influence, alors que pour les personnes morales (qui sont les deux sociétés), le tribunal leur a infligé une amende de 3 millions de dinars chacune ainsi que leur exclusion des marchés publics pour une période de deux ans. Le procureur avait requis, quant à lui, une peine de 20 ans de prison assortie d'une amende d'un million de dinars contre Mohamed Boukhari et Chani Mejdoub et une autre de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars contre les trois représentants de ZTE et Huawei Algérie, en fuite avec un mandat d'arrêt international. En ce qui concerne les personnes morales (ZTE Algérie et Huawei Algérie), le ministère public avait requis une amende de 5 millions de dinars pour chacune des deux sociétés. Salima Tlemçani