Connue pour le grand flux de personnes qui y affluent en ce mois de Ramadhan, Boufarik est, désormais, sous l'emprise des délinquants. C'est en fin d'après-midi que la ville se retrouve face à ses « démons ». Certains se transforment en gardiens de parking, d'autres se confondent dans la grande foule pour détrousser les personnes vulnérables. Le phénomène a atteint de telles proportions qu'il a fait réagir l'imam de la mosquée Ibn Koteïba. Ce dernier a consacré le prêche de vendredi dernier à dénoncer la délinquance et reprocher aux fidèles leur passivité face aux agressions qui sont commises parfois à quelques mètres seulement de la mosquée. En fait, cette impassibilité généralisée encourage les délinquants. Hadjer, une employée de bureau, peut s'estimer heureuse. Son agresseur s'est contenté de lui arracher son sac, alors qu'elle faisait la queue dans une station de taxsi. « Il m'a volé les 4 000 DA que j'ai empruntés à ma sœur pour pouvoir faire faire face au Ramadhan », dit-elle. LES CITOYENS S'ORGANISENT Mais cette violence atteint parfois des proportions inquiétantes. Fayçal, vendeur d'olives, a assisté récemment à une rixe qui s'est terminée par l'éventrement d'un jeune de 25 ans. « Je n'en croyais pas mes yeux, lorsque j'ai vu ce jeune qui tenait ses tripes dans ses mains avant de perdre totalement connaissance. J'ai couru pour le secourir et je suis arrivé juste lorsqu'il a prononcé le nom de son agresseur, avant de s'évanouir. On a arrêté la première voiture qui passait pour l'évacuer aux urgences », raconte-t-il. Face à cette recrudescence de la violence, certains riverains se sont constitués en comité de vigilance. Fayçal en fait partie. Lui et les autres membres sont décidés à préserver le boulevard des Fidayine de la prolifération des vendeurs informels. Mais à Boufarik, il n'y a pas seulement l'informel qui draine la violence, les parkings sauvages sont également des lieux où l'agressivité des jeunes se déverse. Ainsi, cet homme qui a refusé de s'acquitter des « droits » de stationnement, s'est retrouvé, en quelques secondes, entouré d'une bande de jeunes qui l'a roué de coups sous le regard de ses enfants. « Ce qui m'a brisé le cœur, c'est qu'à l'intérieur de la voiture de cet homme il y avait un enfant handicapé qui regardait son père se faire tabasser par ces voyous », regrette Fayçal qui reconnaît n'avoir rien fait pour secourir la victime. Et pour cause, « ces voyous sont capables de me faire payer mon intervention ». QUATRE PERSONNES PRESENTEES QUOTIDIENNEMENT DEVANT LA JUSTICE Du côté des services de sécurité, on assure qu'on fait de leur mieux pour assurer la sécurité et la quiétude dans la ville. Le chef de la sûreté de daïra, installé une semaine avant le début du Ramadhan, a une mission très difficile dans une ville qui accueille des milliers de personnes par jour, venues de tous horizons. D'ailleurs, dès la deuxième semaine du Ramadhan, les services de sécurité sont passés à l'action. Selon un officier de police, trois à quatre suspects sont présentés chaque jour devant la justice pour violence, agression ou vol. « Ils sont tous placés sous mandat de dépôt. Aucun des suspects que nous avons présentés devant le procureur n'a retrouvé la liberté », affirme l'officier qui rend hommage à la justice qui a fait montre de beaucoup de célérité et de sévérité à l'encontre des récidivistes. « La totalité des individus jugés sont, en fait, des repris de justice dont certains viennent tout juste de bénéficier de la grâce présidentielle », précise l'officier. Le déploiement des services de sécurités à travers la ville semble donner ses fruits après la troisième semaine du Ramadhan. Cette présence vise aussi à garantir la continuité de l'activité commerciale, qui a été presque paralysée par les agissements de ces bandes de voyous.