Israël qui a opposé une fin de non-recevoir à la demande du Conseil de sécurité et du Conseil des Nations unies des droits de l'Homme de « lancer sans retard une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux » sur l'assaut que son armée a donné à la flottille d'aide pour Gaza (neuf morts, tous de nationalité turque), s'offre une échappatoire provisoire en créant une commission d'enquête nationale « light ». Le forum des sept principaux ministres israéliens accepte la création d'une « commission publique indépendante » avec un mandat limité. Comme pour faire un geste à la communauté internationale qui a souhaité une enquête « crédible et transparente » sur le massacre d'innocents le 31 mai dernier dans les eaux internationales, il invite deux observateurs étrangers, (l'ancien chef du parti unioniste d'Ulster, le protestant Lord Trimble, prix Nobel de la paix en 1998 et Ken Watkin le brigadier- général à la retraite qui a été l'avocat de l'armée canadienne) à cette investigation qui sera dirigée par Yaakov Tirkel, 75 ans, un ancien juge de la cour suprême israélienne. Benyamin Netanyahu assigne à cette commission deux impératifs : « Préserver la liberté d'action des soldats israéliens et prouver que leurs actions étaient justifiées » sur le plan du droit international. Selon Ehud Barak, le ministre de la Défense, les deux « invités » pourront assister aux audiences et délibérations mais n'auront pas un droit de vote au sein de cette commission qui pourra « interroger qui elle veut, sauf les soldats qui ont mené l'opération ». Les Etats-Unis qui ont souhaité une sérieuse « présence internationale » pour donner une certaine crédibilité à la commission, « un tiers » selon Susan Rice y voient une « étape importante » ? Comme le Canada, la France, la Grande Bretagne, ils estiment que la composante humaine de cette commission est un gage pour mener « une enquête rapide, impartiale, crédible et transparente » et souhaitent ses conclusions soient présentées « rapidement » à la communauté internationale. La Turquie exige que l'enquête soit diligentée par la communauté internationale. Elle dit ne « pas avoir confiance » en cette enquête qui sera menée par un pays qui est « juge » et « partie ». Curieusement, cette commission ne suscite que méfiance et scepticisme en Israel. « De même qu'il existe du café sans caféine, il existe des commissions d'enquête sans enquête » estime Amnon Rubinstein, un ancien ministre de la justice.