Le Conseil de sécurité demande, après plus de douze heures de discussions, le lancement «sans retard» d'une enquête «impartiale, crédible, transparente et conforme aux critères internationaux» contre la flottille pro-palestinienne chargée d'aide humanitaire pour Gaza et la libération immédiate des navires et des 480 civils détenus. Pas plus. Tout en reconnaissant que la situation à Gaza «n'est pas tenable», le texte final ne comporte aucun appel explicite à la levée du blocus réclamée lors des débats par plusieurs pays. Les Etats-Unis, grands protecteurs devant l'Eternel, de l'Etat de Benyamin Netanyahu et d'Avigdor Lieberman qui vient de s'infliger un fiasco diplomatique et moral, ont pesé de tout leur veto pour éviter une résolution contraignante et surtout une enquête «indépendante» pour cet acte piraterie en haute mer. Pour eux, Israël en tant que seul pays démocratique de la région est à même de mener lui-même cette enquête. «Nous soutenons une enquête israélienne. Nous sommes convaincus qu'Israël peut mener rapidement en interne une enquête crédible, impartiale et transparente», déclare l'ambassadeur américain adjoint, Alejandro Wolff. Preuve de ce soutien sans faille : l'assaut israélien contre le navire turc Marmara été relégué derrière les fuites de pétrole dans le golfe du Mexique dans les journaux télévisés. Le Mexicain Claude Heller, dont le pays assure la présidence du Conseil, a beau essayer de convaincre ses quatorze «collègues» que les restrictions imposées à l'accès humanitaire constituent des violations flagrantes du droit humanitaire et Conventions de Genève pertinentes et d'appeler à l'ouverture immédiate d'une enquête dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, mais en vain. Tout comme la possibilité pour le secrétaire général de nommer un enquêteur comme l'a demandé la Turquie et les pays arabes. Dans le projet initial, il a été demandé aux Quinze de «condamner» l'attaque dans «les termes les plus forts» en tant que violation du droit international et d'appeler le secrétaire général Ban Ki-moon à diligenter «une enquête indépendante internationale (...) afin de déterminer comment ce bain de sang a pu se produire et de s'assurer que les responsables soient reconnus» pour être jugés. Israël doute déjà de l'«objectivité», voire de la faisabilité, de cette enquête. «Au vu des pays qui soutiennent cette option, on a tout lieu de craindre pour son indépendance», affirme le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor qui serait «préoccupé» par l'avenir des discussions de proximité avec les Palestiniens sous l'égide des Américains après cet «incident». Ban Ki-moon qui a été choqué par le carnage de ce «plomb durci-bis» et estimé «vital qu'une enquête complète soit menée pour déterminer exactement comment ce bain de sang s'est produit» semble avoir oublié que cet assaut aurait pu être évité si les appels répétés lancés régulièrement par les Palestiniens à Israël pour mettre un terme à ce blocus avaient été pris en compte. Un appel que même Tzipi Livni refuse d'entendre. «Nous n'autoriserons pas la levée du blocus de Gaza», dit-elle sur CNN. Elle sait comme tous les responsables israéliens que les Nations unies ont adopté, depuis des années, des dizaines de résolutions sans plus, que l'Union européenne et les Etats-Unis ont récompensé régulièrement son pays. Comme l'admission d'Israël dans l'OCDE qui valait acceptation de l'inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le «périmètre» de l'Etat hébreu. Le dernier acte de Tsahal sera-t-il celui qui permettra de mettre fin à cette impunité qui est une menace pour tous ?