L'option militaire est désormais d'actualité. Evoqué pour la première fois par le président Obama qui menace des « conséquences énormes », le scénario de l'intervention se précise. Même si la « ligne rouge » des armes chimiques rappelle les fameux ADM (armes de destruction massive) qui a donné le La de l'invasion irakienne, le sort de la Syrie ne tient plus qu'au fil tenu de la mission de « dernière chance » du nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi. « Jusqu'ici, je n'ai pas donné l'ordre d'intervenir militairement. Mais, si nous commençons à voir des quantités d'armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. Des « plans » ont été élaborés pour éviter le « scénario catastrophe » qui pourrait aboutir à l'envoi des dizaines de milliers de militaires destinés à sécuriser les sites d'armes chimiques et biologiques dans l'éventualité de la chute du régime. En pleine campagne électorale, Obama, qui veut damer le pion à ses rivaux républicains, plus guerriers que jamais, met davantage de pression sur le régime de Bachar El Assad qui joue sa survie dans la bataille indécise d'Alep. Moscou, qui prône le respect de la légalité internationale et la solution négociée au conflit syrien, a laissé plané quelques inquiétudes sur l'insuffisance des efforts d'El Assad pour mettre fin aux violences. Le message rarement alarmiste du chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, a été adressé au vice-Premier ministre syrien chargé de l'Economie, Qadri Jamil, en visite à Moscou pour la seconde fois en deux semaines. Un changement de donne ? En tout état de cause, la mission de Brahimi s'avère « cruciale » et souffre des divergences insurmontables des grandes puissances, dénoncées en leur temps par son prédécesseur Kofi Annan, qui a préféré rendre le tablier, et des chances réduites de sortie de crise par la voie du dialogue et de la négociation. Laborieusement, la méthode Brahimi, qui consiste à « écouter et observer », se met en route. Un premier couac : la volonté exprimée par le médiateur international de rencontrer les membres de l'opposition et Bachar El Assad qui lui a valu le courroux du CNS (Conseil national syrien). C'est que le préalable du départ d'El Assad est brandi par les Occidentaux. Moscou refuse et plaide l'urgence de la réconciliation nationale en dehors de toute forme d'ingérence extérieure. L'imbroglio syrien reste un vrai casse-tête chinois.