Les détracteurs du président égyptien, Mohamed Morsi, ont manifesté, hier au Caire sur la place Tahrir et devant le ministère de la Défense. Les quelques centaines de protestataires ont accusé le nouveau Président de vouloir monopoliser le pouvoir. Ils demandent une enquête sur le financement de la confrérie des Frères musulmans dont il est issu. Ils auraient pu être beaucoup plus nombreux si des partisans du Président ne s'étaient pas violemment opposés à eux et si le Président lui-même n'avait pas désamorcé la colère de millions d'internautes en abrogeant les dispositions pénales permettant la détention préventive dans le cadre d'un procès pour délit de presse, ce qui avait conduit à la mise en liberté avant-hier du rédacteur en chef du quotidien Al-Dostour, Islam Afifi, accusé de publication d'informations mensongères et d'incitation à la déstabilisation du pays le jour de la manifestation. La confrérie estime que l'appel a été lancé par des collaborateurs des généraux que le président a, récemment, mis à la retraite. Preuve, pour eux, l'apparition de l'un des organisateurs, le libéral Mohamed Abou Hamed aux côtés du maréchal Hussein Tantaoui lors des funérailles des 16 gardes-frontières tués dans le Sinaï le 5 août dernier, un autre problème que le Président Morsi peine à régler. D'autant que les dirigeants israéliens le pressent de retirer ses chars de la péninsule qui abrite quelque 1.600 terroristes dont 120 « recherchés activement par les services de sécurité égyptiens ». Benyamin Netanyahou a demandé mardi dernier à Morsi de retirer ses chars du Nord Sinaï. Selon le quotidien israélien Maariv, c'est Washington qui aurait transmis ce message au Caire. Dennis Ross, l'ancien envoyé spécial des Etats-Unis pour le Proche-Orient, a appelé l'administration de son pays à suspendre son aide financière à l'Egypte (2,1 milliards de dollars annuels) si elle continuait à violer ses accords avec Israël et à réclamer une révision de ces accords « injustes qui empêchent les forces armées égyptiennes de se déployer sur leur propre territoire », selon la déclaration d'Abdel Moneim Aboul Fotouh, le candidat islamiste à la dernière présidentielle. La Secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, demande à l'Egypte de maintenir ouvertes les voies de communication et de faire preuve de transparence. Le sujet sera probablement évoqué lors de la visite du Président égyptien aux Etats-Unis du 23 au 25 septembre.