L'armée maîtresse du quartier emblématique de Salaheddine, Seïf Al Daoula aux mains des rebelles : l'incertitude règne en maître dans la Syrie plongée dans un cycle de violence dévastateur aux lignes de front sans cesse mouvants. La capitale et la banlieue-est rattrapées par la déferlante houleuse, la deuxième ville, Alep (nord) dont la bataille est jugée décisive, Idleb (nord-ouest), et, à la jonction des deux villes, l'aéroport militaire de Taftanaz assiégé par les rebelles. Le sort des armes est loin d'être réglé. Le constat est dressé par le président syrien, Bachar El Assad, décidé néanmoins de vaincre à « n'importe quel prix ». Dans sa dernière déclaration à l'émissaire iranien, le président de la commission parlementaire pour la politique étrangère, Alaedine Boroujerdi, il a clairement affirmé, le 26 août dernier, que « le peuple syrien ne permettra pas au complot étranger de réussir », lorsque son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a lié le principe des négociations au préalable de l'éradication des « terroristes ». De nouveau, au moment où les Non-Alignés tiennent leur conclave en Iran, porteur d'une « proposition réaliste et acceptable » sur la crise syrienne, la montée au créneau d'El Assad, qui ne veut pas lâcher prise, exprime une volonté de résistance inaltérée. « Je peux résumer (la situation) en une phrase : nous progressons, la situation sur le terrain est meilleure, mais nous n'avons pas encore gagné, cela nécessite encore du temps », a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision syrienne Eddounia. Cette détermination, qui se légitime par le rôle patriotique de l'armée et le « lien solide » entre le régime et le peuple, malgré de « nombreuses erreurs », se refuse à toutes formes d'ingérence dont l'idée de la création de la « zone tampon », évoquée par la Turquie et l'Occident, se veut la panacée d'une intervention militaire contrariée par le double veto sino-russe. Parler de zones tampons n'est premièrement pas sur la table, et, deuxièmement, c'est (une idée) irréaliste même pour les Etats hostiles et ennemis de la Syrie », a précisé Bachar El Assad, à la veille d'une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU, prévue aujourd'hui à New York sur l'aide humanitaire. L'option, défendue par Paris, est considérée par Laurent Fabius comme étant « très compliquée » du fait qu'elle nécessite la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne partielle tributaire de la problématique résolution du Conseil de sécurité. Et, par delà le chapitre des défections traitées sous l'angle d'« une opération d'auto-nettoyage de l'Etat, premièrement et de la nation en général », le devenir de la Syrie libre et souveraine n'est ni le fait des « pays amis ni des pays ennemis ». Tout est clairement énoncé dans le contexte des médiations et, a contrario, des appels à une transition post-El Assad. « Je dis aux Syriens, le destin est entre vos mains et pas entre les mains d'autrui », conclut le président El Assad.