Le président syrien promet «d'expulser» les «terroristes» du pays Plus que jamais la situation est confuse en Syrie où manipulation et désinformation font fureur alors que de nouveaux charniers auraient été découverts, notamment à Daraya, près de la capitale Damas. Des centaines de personnes ont été tuées à Daraya depuis que l'armée syrienne a lancé mardi une vaste opération pour chasser les rebelles de cette localité proche de Damas, l'opposition dénonçant un nouveau massacre. Thème devenu récurrent personne ne songeant à contrôler les circonstances dans lesquelles ces charniers ont été découverts. Surtout personne ne fait le lien entre le fait que ces tueries de masse sont découverts après la libération de quartiers alors sous l'emprise de la rébellion. Alors la question se pose: qui sont ces personnes tuées? Qui les a tués? Ont-ils été tués avant ou après la reprise par l'armée syrienne des quartiers et villes «occupés» par la rébellion? Attribuer les massacres à l'une des parties, comme le fait systématiquement une ONG syrienne, basée à l'étranger, restera à la limite de la propagande tant que les faits n'auront pas été authentifiés par des sources crédibles et indépendantes. L'Union européenne a fermement dénoncé hier le massacre perpétré contre des «civils» à Daraya, dans la banlieue de Damas, en Syrie. «Nous regrettons et condamnons fermement cette violence. C'est inacceptable!», a affirmé Michael Mann, un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Les circonstances du massacre de Daraya «ne sont pas tout à fait claires», a rappelé le porte-parole au cours d'un point de presse à Bruxelles. Mais, a-t-il ajouté, leurs auteurs, quels qu'ils soient, «doivent être punis». Effectivement, les auteurs de ces massacres, si massacre il y a, doivent payer, et payer le prix fort. Mais il est aussi inacceptable d'en attribuer la paternité à une partie avant toute enquête. Or, les manipulations autour du conflit en Syrie doivent inciter à la prudence. La France aussi, par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Philippe Lalliot s'est dite hier «profondément choquée» par la découverte d'un charnier à Daraya, indiquant: «La France est profondément choquée par la découverte des charniers dans la localité de Daraya et ce qui apparaît comme un massacre de civils» qui ajoute «Elle souhaite que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cette tuerie, notamment par l'intermédiaire de la Commission d'enquête internationale mise en place par le Conseil des droits de l'Homme». L'opposition s'est empressée de dénoncer un nouveau «massacre odieux du régime» en diffusant sur l'Internet des images, non authentifiées, montrant des dizaines de corps gisant dans une mosquée ou dans une tranchée transformée en fosse commune. De leur côté, les autorités syriennes ont pour leur part affirmé, via l'agence officielle Sana, que l'armée avait «nettoyé» Daraya de «terroristes mercenaires» qui avaient commis des «crimes contre les habitants». Alors que régime et opposition se livrent une bataille morbide autour de cadavres, le président syrien Bachar Al Assad promettait, dimanche, de vaincre «quel qu'en soit le prix» la rébellion, après la mort de centaines de rebelles délogés de la ville de Daraya, dénoncée par l'opposition comme étant un «massacre». «Le peuple syrien ne permettra pas au complot étranger de réussir» et le vaincra «quel qu'en soit le prix» a dit le chef de l'Etat, confronté depuis 17 mois à une rébellion aidée et armée de l'étranger, en recevant Alaeddine Boroujerdi, un émissaire de Téhéran, selon l'agence officielle Sana. C'était la première fois que les médias rapportaient des déclarations de M.Assad depuis qu'un responsable syrien a évoqué mardi dernier pour la première fois la possibilité de discuter d'un départ du président syrien dans le cadre de négociations avec l'opposition. Mais le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a nuancé cette proposition en écartant toute négociation tant que le pays n'aurait pas été «purgé» des rebelles, a rapporté l'agence iranienne Irna après une rencontre avec M.Boroujerdi dans la capitale syrienne. Quoiqu'il en soit, l'opposition a refusé la proposition initiale syrienne en répétant son exigence d'un départ du président Assad avant toute discussion.