Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) reproche au ministère de la Santé d'avoir élaboré et promulgué, le 15 août dernier, sans aucune concertation du partenaire social, deux arrêtés ministériels portant, respectivement ouverture du concours de passage au grade de praticien spécialiste principal de santé publique et composition du jury. Son président Mohamed Yousfi, a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse, que cette mesure envenime davantage la situation. « Ces arrêtés, tels que conçus, dévalorisent le concours, assimilé à un simple examen professionnel, indigne du niveau universitaire des praticiens spécialistes de la santé publique », a-t-il regretté. Qualifiant cette décision de fait unique dans les annales de la santé publique, M. Yousfi a estimé que les candidats doivent être évalués par leurs pairs, c'est-à-dire les praticiens spécialistes en chef ou principaux, conformément à la réglementation en vigueur dans tous les secteurs et corps de métier. Selon lui, les ministres de la Santé qui se sont succédé depuis les dix dernières années se sont engagés à faire évaluer les candidats par des professionnels de haut niveau. Il regrette le fait que le ministre ait fait appel à des examinateurs du corps hospitalo-universitaire relevant du département de l'Enseignement supérieur pour constituer les jury, imposant, de ce fait, un tutorat à vie aux spécialistes de la santé publique. Le SNPSSP estime qu'au-delà de cette mesure arbitraire, il y a une opacité totale sur le nombre de postes ouverts au profit de la gradation et les établissements concernés. Le syndicat interpelle les pouvoirs publics « pour mettre fin à cette dérive qui menace la survie du système public de santé ». Il demande l'annulation des deux arrêtés en question. « Dans le cas où, contre toute raison, le ministère maintenait l'organisation du concours selon les mêmes modalités, le SNPSSP appellera tous les praticiens spécialistes de la santé publique au boycott de ce concours tant que les modalités ne seront pas revues », a prévenu M. Yousfi. Il a, à l'occasion, réitéré l'attachement du syndicat aux sept points inclus dans la plateforme des revendications, notamment la carte sanitaire, soumise aux pouvoirs publics en 2010 et entérinée par le ministère de tutelle « qui ne daigne même pas prendre les mesures nécessaires pour sa mise en œuvre ». Tout en dénonçant les dysfonctionnements qui entravent la bonne gestion du secteur, le syndicat se déclare prêt à user de tous les moyens pour rétablir la corporation dans ses droits.