Le professeur Fritz Keller est un expert sur la question de la solidarité européenne et surtout autrichienne durant la guerre de libération algérienne. Samedi dernier, il a participé à une table ronde autour de son livre « L'internationalisme vécu ; la gauche autrichienne et la résistance algérienne (1959-1963) ». Rencontré en marge de cette activité, il se confie à notre reporter. Pourquoi avoir choisi, dans votre ouvrage, l'Algérie et pas d'autres partisans du combat pour la liberté ? L'Autriche a participé à la campagne de soutien aux résistants algériens contre le colonialisme. Ce soutien se caractérise par deux voies. La première étant le principe de liberté dont doivent disposer les peuples. Et la deuxième manifeste son devoir d'humanité devant les dépassements d'une guerre de libération nationale. La première voie cadre bien avec l'esprit de liberté et de caractère égalitaire prôné par le communisme. Comme on le sait si bien, l'Union soviétique représentait dans les années 50 le système communiste dans son aspect complet. Ce même communisme existait dans tous les pays européens à caractère libéral, représenté sous forme de parti, appelé la gauche. Chez nous, il existait bien cette représentation communiste et ce sont ses partisans qui ont œuvré au soutien de la guerre de libération menée par les Algériens. ...Et qu'en est-il de la voie humanitaire ? Des réseaux se sont formés en Autriche pour venir en aide aux combattants algériens blessés par des batailles contre le colonialisme. C'est ainsi qu'un bon nombre de moudjahidine ont été transférés en Autriche, pour des soins intensifs, ce qui a permis leur guérison. Ces soins étaient suivis de période de convalescence, et cela aux frais des associations humanitaires autrichiennes. Donc, l'Autriche a fourni une aide précieuse aux combattants de la guerre de Libération. A part la gauche autrichienne, y a-t-il d'autres mouvements en Autriche qui ont soutenu la Révolution algérienne ? Une question difficile à laquelle il m'est difficile de répondre. A mon avis, le seul mouvement qui activait dans ce sens, c'est bien évidemment la gauche, et les remarquables services d'Ismaïl Parich, un imam autrichien d'origine bosniaque. Concrètement, comment le soutien à la Révolution algérienne s'est-il déroulé ? Foncièrement clandestin. Des projets en perspective ? A l'occasion de la célébration d'un hommage, prévu en février 2013, à Reimar Holzinger, organisée par l'association « Machaâl Echahid », j'envisage de publier un ouvrage sur la solidarité avec le peuple algérien. Cet opus qui s'intitule « Solidarité aujourd'hui » sera édité en arabe et en français.