Au cours d'une conférence-débat consacrée à la commémoration de la « journée des condamnés à mort » qu'elle a animée le 15 juin 2009, l'avocate Me Benbrahem a dénoncé avec force la dérive criminelle prise par la justice française au cours de la guerre de Libération nationale, et, plus particulièrement, après le 1er novembre 1954. La vraie justice fut dévoyée et un système judiciaire uniquement répressif a été instauré avec la complicité active de la magistrature et du pouvoir politique français, le président de la République y compris. La torture jusqu'à ce que mort s'ensuive, pour obtenir des aveux, les procès-verbaux d'interrogatoire falsifiés et signés par les bourreaux, des faux témoins et au bout de l'enfer, des juges complaisants qui condamnent à mort le patriote algérien martyrisé. Car, affirme Me Benbrahem, la peine de mort était considérée comme une arme de guerre à utiliser sans restriction contre les Algériens. La preuve en est que la majorité des pourvois en cassation et de recours en grâce étaient rejetés par les juges et le chef de l'Etat français. Le Président René Coty s'est distingué en n'accordant aux condamnés à mort algériens aucune grâce durant son mandat. La volonté des autorités françaises de mettre en échec l'élan libérateur des Algériens était telle qu'elles n'ont pas hésité à violer des lois internationales, en créant le Tribunal permanent des forces armées. Le T.P.F.A, dit Me Benbrahem, était ‘une véritable machine à broyer l'Algérien ». C'était un tribunal d'exception qui pouvait siéger à tous moments et avait la mission d'appliquer une justice militaire expéditive et déshumanisée. Désormais, les patriotes algériens étaient appelés « criminels » et la procédure les concernant était extrêmement simplifiée et le verdict fixé d'avance. L'avènement du T.P.F.A a considérablement multiplié le nombre de combattants algériens condamnés à mort et a sensiblement réduit le nombre de pourvois en cassation et de recours en grâce aboutis. «La création du Tribunal d'exception (ajoute Me Benbrahem) correspondait aux pleins pouvoirs qui étaient accordés à l'armée coloniale » à partir de 1957. Au cours de sa conférence, Me Benbrahem a rappelé également le traitement atroce réservé par le pouvoir colonial à 50 détenus sortis du Centre de détention de Bossuet, qui ont été utilisés comme « cobayes » lors des explosions atomiques de Reggane.