Photo : Makine F. A l'issue du 5e congrès de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) tenu du 30 au 31 mai 2010 à Sidi Fredj à Alger, Smail Allaouchiche a été reconduit au poste du Secrétaire général de la fédération. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, il reveint sur l'organisation du 5e congrès, de son déroulement et les résolutions adoptées par les 200 congressistes. M. Allaouchiche évoque les 400 milliards DA que la Caisse des retraites espère récupérer. Il parle du bilan de cette fédération depuis 2007 comme il parle également des objectifs de cette fédération. Vous-avez tenu récemment votre 5e congrès, 18 ans d'existence et très peu de citoyens connaissent votre fédération… La FNTR a déjà 18 ans d'existence. Nous sommes implantés à travers le territoire national, même à Tindouf et Illizi. Là où il y a un département, il y a une wilaya, il y a également une caisse régionale de wilaya qui s'occupe des prestations concernant les retraités. Nous avons un comité de liaison au niveau de chaque wilaya chargé de régler les problèmes au niveau de la caisse pour améliorer les prestations et être au service des retraités. Ce comité est relié directement au conseil d'administration. Il veille à l'application des lois et assurer les droits des retraités. Nous avons quelque 300 000 adhérents qui paient une cotisation mensuelle de 10DA/mois. Pouvez-vous nous parler de l'organisation du 5e congrès de la FNTR ? La préparation du congrès a commencé par la tenue des assemblées générales dans chaque commune et dans chaque daïra et les wilayas. 35 délégués ont été élus et la direction sortante a désigné les 77 restants. Nous avons tenu notre congrès avec 200 délégués au congrès. Tout le territoire et toutes les corporations ont été représentés. Les débats ont eu lieu dans un climat démocratique. La clôture s'est faite par l'élection de la nouvelle direction. La commission exécutive a rajeuni et de nouvelles têtes sont venues pour renforcer la direction fédérale et maintenant, il nous reste à nous mettre au travail. Vous avez été à la tête de la FNTR depuis 2007 et vous êtes réélu pour cinq ans. Quelle évaluation faites-vous pour cette période ? Certains problèmes ont été résolus. Parmi ces problèmes, c'est le fonds de réserve décidé par le chef de l'Etat qui met à l'abri le système par la répartition du système de solidarité. C'est-à-dire que ce système est resté tel quel, il n'est menacé ni par la Banque mondiale, ni par le FMI. La remise en cause de ce système de retraite est à l'ordre du jour à travers le monde. Le second problème est celui du cumul de fonctions. Avant ce n'était pas cumulable mais maintenant, il y a une décision qui leur accorde ce cumul. Concernant la Caisse de recouvrement, nous avons à présent quelque 4 millions de travailleurs au noir. Il faut que ces travailleurs puissent être déclarés avec la création de la Caisse de recouvrement. Il faut faire la chasse aux employeurs qui ne déclarent pas leurs employés. Le ministère du Travail a pris également la décision de contractualiser la santé. Si un travailleur va à l'hôpital, il présente sa carte d'immatriculation, s'il n'est pas immatriculé, il n'est pas pris en charge. Cette mesure va inciter les travailleurs à ne pas accepter de travailler au noir. Qu'en est-il des objectifs ? Pour les années à venir, nous allons demander aux pouvoirs publics les deux régimes de retraites : la retraire sans conditions d'âge et la retraite proportionnelle. Nous avons demandé à ce qu'il y ait une prise en charge. Depuis 1997 à ce jour, les frais sont supportés par la Caisse nationale de retraite et l'ardoise se chiffre à 400 milliards DA. On a demandé par l'intermédiaire de notre centrale syndicale à ce que les pouvoirs publics remboursent la CNR. Justement à propos de remboursement des 400 milliards, est-ce que vous avez eu déjà des échos ? Certes, nous avons posé cette revendication. Je pense que les pouvoirs publics vont répondre favorablement. La Caisse les a payés alors qu'il n'y avait pas de source de financement. Cette dernière les attendait à 60 ans et non avant. Quels types de retraités comptons-nous en Algérie et à combien sont estimés les effectifs ? Actuellement, nous avoisinons quelque deux millions de retraités. Il y a des bénéficiaires qui jouissent d'une pension de retraite normale, les bénéficiaires de pension de réversion, après décès du bénéficiaire et ceux qui n'ont pas une pension mais une allocation dite AVTS (allocation de vieux travailleurs salariés) et qui n'ont pas travaillé les 15 ans minimum. Les bénéficiaires de pension directe sont entre 900.000 et un million de retraités. Pour revenir au congrès, peut-on savoir le sens du slogan choisi «solidarité, équité et dignité» ? Ce sont des slogans symboliques : la solidarité veut dire le système de retraite. Une génération travaille pour une autre génération. Pour l'équité, nous avons un problème et nous demandons à ce que les pouvoirs publics répondent favorablement. Après l'unification des régimes de retraites, en 1984, on avait quelque chose comme 400.000 retraités qui avaient un salaire de 800 DA à l'époque. La loi parle de revalorisation des pensions, chose qu'on a revendiquée au cours de nos différents congrès et qu'on n'a pu faire qu'en 1996. Ceux d'avant avaient malheureusement un salaire de calcul qui ne tenait pas en compte les autres primes, pourtant soumises à la cotisation. Quant à la dignité, c'est le pouvoir d'achat. Les retraités peinent à boucler le mois. Peut–on connaître les résolutions adoptées lors de ce 5e congrès ? Nous avons repris tout ce qui a été dit dans le congrès. L'augmentation du SNMG, la revalorisation des retraites entre 7 et 12% (selon la catégorie des retraités) et l'exonération d'impôts de la pension de moins de 20 000 DA, tels sont les revendications majeures. Et quels sont les points qui n'ont pas encore été résolus ? Il est vrai que nous avons obtenu, grâce à nos actions menées depuis 199, de nombreux acquis. Cependant, il reste quelques-uns d'une importance majeure. Aujourd'hui, la principale revendication est celle du retour à la pension minimum à 100% du SNMG. D'ailleurs, à l'origine, la loi le prévoyait mais dans son application elle a été modifiée et réduite à 75%. Notre 2e revendication consiste en l'actualisation des salaires servant de base au calcul des pensions. Or, jusqu'au 1er juillet 1996, toutes les pensions n'ont pas bénéficié de cette actualisation. Enfin, nous demandons à ce que la décision du président de la République, qui avait prévu 2% sur la taxe pétrolière comme fonds de ressource pour la caisse de retraite, soit élargie à la vignette et au tabac pour qu'un taux de prélèvement soit effectué sur ces deux produits afin que les finances de la caisse soit à même de servir des pensions décentes. Etes-vous optimiste pour l'alignement des retraites sur le SNMG ? Là, nous sollicitons le président de la République et ce ne sera que justice à l'égard des retraités. La loi cadre, c'était 100%. A une époque, on a donné 500 DA d'augmentation aux retraités. Cette somme représentait 25% du SNMG. C'est comme ça que le SNMG a été réduit de 75%. Nous demandons, donc, à ce qu'il y ait une mise à niveau des pensions de retraite. Qu'en est-il des doléances par rapport à l'IRG ? Sur le plan des principes, tout le monde semble être d'accord. Mais un problème technique au niveau du barème de l'IRG ne peut être corrigé que par la loi de finances. Les pouvoirs publics nous ont affirmé que la loi de finances complémentaire 2010 va reprendre et il y aura une nouvelle case pour les retraités et les handicapés. Un dernier mot Je lance un appel à tous les retraités. J'espère qu'ils vont rejoindre la FNTR car une fédération qui compte deux millions d'adhérents est une fédération qui sera bien considérée et l'Union fait la force.