Après l'incident de l'avion militaire turc abattu, il y a quelques mois, par l'armée syrienne, la tension est montée, une nouvelle fois, entre les deux pays, mercredi, après les obus tiré depuis la terre syrienne sur le petit village turc frontalier d'Akçakale, tuant cinq personnes. La riposte d'Ankara ne s'est pas fait attendre. Après avoir été autorisée par le Parlement à mener des opérations en dehors de ses frontières, l'armée turque a pilonné des positions militaires syriennes non sans faire de blessées. Les autorités turques ont très vite brandi la menace de l'Otan dont le pays est membre. A l'issue d'une réunion convoquée en urgence, mercredi, à Bruxelles, par Ankara, l'Alliance atlantique a appelé la Syrie à « mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international ». Devant le risque d'escalade, et les pressions internationales, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a néanmoins assuré que son pays n'a « pas l'intention de déclencher une guerre avec la Syrie » en précisant que le vote du Parlement était de nature dissuasive. Une option soutenue par son allié américain. Washington a, en effet, jugé « appropriée » et « proportionnelle » la riposte turque tout en appelant toutefois, par la voix de sa porte-parole de sa diplomatie, Victoria Nuland, à éviter une escalade entre les deux pays.Réuni en urgence, le Conseil de sécurité de l'ONU a « condamné dans les termes les plus fermes les tirs d'obus par les forces syriennes ». Tout en appelant à la retenue, les 15 pays membres du Conseil ont demandé au gouvernement syrien de « respecter totalement la souveraineté et l'intégrité territoriale de ses voisins ».Ban Ki-moon s'est dit « inquiet » de « l'escalade des tensions à la frontière » appelant « toutes les parties concernées (...) à faire preuve d'un maximum de retenue » tandis que son émissaire Lakhdar Brahimi était en contact avec des responsables turcs et syriens pour les encourager à faire baisser la tension.Du côté syrien, après avoir annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'origine d'un tir d'obus, les responsables du pays ont assuré que Damas ne cherche pas « l'escalade avec aucun de ses voisins, y compris la Turquie ». Son ambassadeur à l'ONU, Bachar Jaafari, a appelé la Turquie à « coopérer pour contrôler la frontière commune, notamment pour empêcher l'infiltration de groupes armés » les accusant d'avoir perpétré des attentats en Syrie. Allié de Damas, la Russie tente de jouer aux pompiers. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré que les autorités syriennes ont fait part à Moscou que le bombardement en Turquie était un « incident tragique ».