Ils exigent dans une pétition la dissolution « juridique » ce parti qui « ne croit pas en la démocratie » et « complote contre l'aspect civil de l'Etat ». Malgré toutes les pressions, les pétitionnaires résistent. Rached Ghannouchi recommande selon cette vidéo aux salafistes de patienter et d'agir par étapes pour asseoir leur pouvoir face aux laïcs qui contrôlent encore médias et institutions. L'opposition qualifie de « très grave » le contenu de la vidéo illustrant « le double discours d'Ennahda ». « On connaissait déjà le fond de la pensée de Rached Ghannouchi », déclare l'ex-premier ministre Béji Caid Essebssi qui n'aurait pas été étonné par une telle vidéo. Pour le parti Ettakatol, démocrate et allié d'Ennahda à la tête du pouvoir, les propos de Ghannouchi sont « dangereux ». « C'est un choc », déclare son porte-parole, Mohammed Bennour. La presse tunisienne a épinglé Ghannouchi qui s'est justifié à la télévision assurant avoir voulu convaincre les jeunes salafistes de respecter la loi. « Les laïcs modérés sont nos alliés », a-t-il dit. « J'ai voulu montrer aux jeunes qu'il y a des forces qu'il ne faut pas sous-estimer. Il ne faut pas sous-estimer l'Etat », a-t-il ajouté affirmant que « c'était un appel à la sagesse et à la raison ». Les islamistes qui renoncé à inscrire la chari'a dans la loi fondamentale, lâchent du lest. Ils ont abandonné leur projet clé d'inscrire la criminalisation de l'atteinte au sacré dans la Constitution dont la première version sera débattue en novembre prochain. « Ce n'est pas parce que nous sommes d'accord avec les atteintes au sacré, mais parce que le sacré est très très difficile à définir », a expliqué, le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaafar. Selon ce dernier, le principal point d'achoppement dans la rédaction de la nouvelle Constitution reste la question du futur régime politique. Il a expliqué que les islamistes souhaitent un modèle parlementaire tandis que les autres formations réclament un système mixte, laissant d'importantes prérogatives au chef de l'Etat. Sur le plan sécuritaire, un chef salafiste radical, Khmaïs Majeri, a affirmé, avant-hier, que des attentats seraient en préparation pour incriminer son mouvement. Faisait-il allusion aux propos d'Imed Ben Salah, au responsable islamiste ? Ce dernier a dénoncé la torture infligée aux 800 salafistes arrêtés depuis l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre et averti les autorités qu'il ne peut plus « retenir » les jeunes de son mouvement qui auraient perdu patience. Début octobre, le président Moncef Marzouki a déclaré que les « jihadistes » sont un « grand danger » pour la région du Maghreb, qui est en train de devenir un centre pour des « terroristes ».