Malgré les appels au calme et les tentatives de médiation, la Syrie et la Turquie se dirigent, selon toute vraisemblance, vers une guerre ouverte. Ankara, qui a déployé, vendredi, 250 chars et 55 chasseurs sur sa frontière avec la Syrie, après qu'un hélicoptère militaire syrien eut bombardé la ville frontalière syrienne d'Azmarin, confirmant les mises en gardes du chef de l'armée turque, le général Necdet Ozel, qui a assuré que son pays riposterait d'une manière « encore plus puissante » en cas de nouveaux tirs syriens, demande aux troupes de se « préparer à un éventuel conflit avec les forces syriennes ». Damas tente de désamorcer le conflit. Elle souhaite la création d'un comité de sécurité conjoint avec son voisin du Nord pour surveiller leur frontière commune. Le ministère syrien des Affaires étrangères affirme, dans un communiqué, avoir discuté du projet avec l'ambassadeur de Russie à Damas. Cette proposition survient après l'interception d'un avion syrien assurant la ligne Moscou-Damas par la Turquie, sous prétexte que l'appareil transportait des « munitions » et du « matériel militaire ». L'incident a provoqué une escalade verbale entre Ankara d'une part, et la Syrie et la Russie d'autre part, qui ont vivement démenti la présence d'armes à bord de l'avion. A l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité russe, consacrée, notamment, à la situation en Syrie, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que l'appareil transportait du « matériel radar » tout à fait « légal » et qu'il s'agit de « matériel technique électrique pour des stations radar, un équipement à double usage (civil et militaire), mais qui n'est interdit par aucune convention internationale ». Tout en s'expliquant sur le sujet, Moscou a accusé la Turquie d'avoir « mis en danger les 17 passagers russes à bord de l'avion arraisonné ». La réponse des autorités turques aux accusations russes ne s'est pas fait attendre : le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé, hier, à une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin aux blocages sur la crise syrienne dus au droit de veto utilisé par la Russie et la Chine. Sur le front diplomatique, le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, s'est rendu, hier, en Turquie dans le cadre d'une tournée dans la région visant à résoudre la crise syrienne, au lendemain de sa rencontre à Djeddah avec le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, à qui M. Brahimi a fait part de « sa conviction » que la crise ne saurait se résoudre qu'avec des moyens politiques.