Quand la Syrie va mal, le Liban craint le pire. Mais l'enjeu, né dans la crise politique qui a suivi le meurtre du chef de la police, est autrement plus complexe qu'une simple incidence de la crise syrienne sur son voisin. Car c'est bien la place prépondérante du Hezbollah dans le gouvernement qui est visée par les appels à la démission du Premier ministre, Nadjib Mikati, lancés par l'opposition anti-syrienne, soutenue par les puissances occidentales. Les pressions exercées par Washington, au lendemain de l'attentat, ont poussé le président libanais, Michel Sleimane, à consulter les forces politiques pour « discuter de la possibilité de former un nouveau gouvernement ». « Si ce dialogue aboutit à un accord sur la forme d'un nouveau cabinet qui pourrait faire sortir le Liban de l'impasse, alors, M. Mikati pourrait présenter sa démission et l'on pourra entamer le processus de formation d'un nouveau gouvernement », a confié un responsable du palais présidentiel.Mais les Occidentaux, en butte sur l'« insoluble » crise syrienne, ont mis en garde le chef de l'Etat libanais contre « tout vide politique (...) débouchant sur une plus grande déstabilisation » du pays. Par la voix de sa porte-parole, Victoria Nuland, le département d'Etat américain a plaidé, mardi, pour la formation d'un nouveau cabinet affranchi de la « tutelle syrienne ». « L'instabilité exportée depuis la Syrie menace plus que jamais la sécurité du Liban et il revient vraiment aux Libanais de choisir un gouvernement qui puisse juguler cette menace » a-t-elle déclaré, réaffirmant le soutien américain à l'initiative du président Sleimane. Dans le même sillage, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, exprimait, depuis Beyrouth, son inquiétude pour la stabilité du Liban. En dépit de ses soutiens occidentaux et arabes, notamment les pays du Golfe, l'opposition, dirigée par l'ex-chef de gouvernement, Saad Hariri, n'entend pas mener les choses de cette manière. Elle pose comme préalable à toute discussion sur un éventuel nouveau gouvernement, la démission du cabinet Mikati. Le Hezbollah s'est gardé, jusqu'ici, de réagir, mais il refuse de plier devant ses détracteurs, et perdre un gouvernement qu'il domine pour plusieurs motifs, notamment pour empêcher une remise en cause de son arsenal militaire, et assurer la couverture de l'Etat libanais en cas de confrontation avec Israël.