L'ex-Premier ministre libanais, Saâd Hariri, a affirmé samedi que la chute de son gouvernement, le 12 janvier, était due à «d'énormes pressions extérieures dont le but a été de changer les règles du jeu démocratique». D'aucuns y voient la main de la Syrie et celle du Hezbollah. Dans un entretien au Figaro, le mardi 1er février, Najib Mikati récuse ces accusations. «J'ai été appuyé par tout l'échiquier Libanais» A ceux qui l'accusent d'être «l'homme du Hezbollah», le milliardaire libanais répond que, sur «les soixante-huit députés qui m'ont apporté leurs voix, une dizaine seulement appartiennent au Hezbollah». Il ajoute : «J'ai été appuyé par des députés de toutes les confessions et de toutes les composantes de l'échiquier libanais.» “Avant de me soutenir, le Hezbollah m'a, certes, demandé des engagements mais j'ai répondu que je ne pouvais pas les assurer. Je ne me suis engagé qu'à une chose envers lui : protéger la résistance.» Il rappelle que, «pendant toute la période difficile qu'a traversée le Liban, j'ai toujours opté pour des positions centristes. En tout cas, je ne veux être l'otage d'aucun camp». Il explique, enfin, qu'il ne peut rien contre la résolution 1757 instituant le Tribunal spécial pour le Liban. «Le gouvernement reste engagé à respecter le protocole qui le lie aux Nations unies à propos du tribunal.» Hariri refuse d'intégrer le nouveau gouvernement L'ancien Premier ministre libanais, Saâd Hariri, et ses alliés ont annoncé, jeudi 27 janvier, qu'ils ne participeraient pas au gouvernement. La coalition de M. Hariri, soutenue par l'Occident, avait auparavant rejeté toute participation à un cabinet dirigé par un candidat imposé selon elle par le Hezbollah. Cette déclaration intervient à l'heure où le Premier ministre désigné, Najib Mikati, a entamé ses consultations pour former un nouveau gouvernement. Le milliardaire sunnite a déjà rencontré le chef du Parlement, Nabih Berri, un allié du Hezbollah, après la chute du gouvernement provoquée par la démission des ministres du parti armé chiite. Achoppement sur le TSL La coopération avec le Tribunal spécial pour le Liban constitue la principale pierre d'achoppement entre le camp de Saâd Hariri et le Hezbollah, dont le camp détient, désormais, la majorité parlementaire. Saâd Hariri a réclamé, jeudi, à Najib Mikati, appuyé par le Hezbollah, un engagement clair en faveur du tribunal de l'ONU, craignant que ce dernier n'en suspende le financement et n'en retire les juges libanais. Le bras de fer autour du TSL, chargé de juger les responsables de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad, avait provoqué la chute du gouvernement Hariri après la démission des ministres du camp du Hezbollah, hostile à cette instance onusienne. Saâd Hariri est toujours chargé des affaires courantes du pays «Nous avons demandé au Premier ministre désigné de clarifier sa position (concernant le TSL) et de la mentionner explicitement dans la déclaration de politique générale» du futur gouvernement, a affirmé le député Fouad Siniora, au nom du groupe parlementaire de M. Hariri.De son côté, le groupe parlementaire du Hezbollah a nié avoir imposé à M. Mikati une condition concernant le TSL. Toutefois, l'un de ses alliés, le député chrétien Michel Aoun, a rapporté après ses consultations avec M. Mikati l'avoir exhorté à ce «que le Liban cesse sa coopération avec le tribunal». Mikati prendra son temps Face aux difficultés qu'il rencontre pour fédérer toutes les composantes politiques libanaises, Najib Mikati, à qui la Constitution n'impose aucun délai, a indiqué qu'il prendra son temps pour former son équipe gouvernementale. Il pourrait former un cabinet de techniciens maintenant que le camp de Saâd Hariri rejette son appel à l'union. M. Mikati devait rencontrer jeudi d'autres représentants de blocs parlementaires avant d'achever ses consultations, demain, et d'en informer le président Michel Sleimane. De son côté, la Syrie a appelé les dirigeants politiques libanais à rejoindre ce qu'il appelle le gouvernement d'«union» que compte former Mikati.