L'objectif de Christopher Ross est de pouvoir organiser un neuvième round de négociations informelles entre les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Maroc et le Front Polisario, reporté en mai dernier à la suite du « retrait de confiance » que lui avait signifié le Roi Mohamed VI. Une fois sa tournée maghrébine complétée par les escales dans les capitales des deux parties de la région intéressées par ce conflit, la Mauritanie et l ́Algérie, et des entretiens avec le mouvement sahraoui à Tindouf, le représentant personnel de M. Ban Ki-moon se rendra en Europe. D ́abord, en Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental dont la voix est écoutée aux Nations unies, puis en France, pays membre permanent du Conseil de Sécurité qui, depuis 1995, avait systématiquement mis son veto, sous les mandats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, à la tenue d ́un référendum d ́autodétermination au Sahara Occidental. Le soutien inconditionnel de la droite française encouragera la diplomatie marocaine à bloquer définitivement le processus d ́identification des électeurs qui laisserait les habitants de l ́ex-colonie espagnole choisir entre le rattachement de leur territoire au Maroc ou l ́indépendance. L ́option indépendantiste du peuple sahraoui ne faisant plus aucun doute, les gouvernements français de l ́époque, avec la complicité du gouvernement socialiste espagnol, présidé par José Luis Zapatero, avaient alors vendu au Maroc l ́idée d ́un « Plan d ́autonomie » pour le Sahara Occidental. C ́est cette option que Mohamed VI a mis sur la table comme « unique base de négociation » à Manhasset, après avoir été encouragé par Madrid et Paris à rejeter le « Plan Baker », du nom de l ́ancien Secrétaire d ́Etat américain, et qui prévoit une période d ́autonomie de 5 ans suivie d ́un référendum d ́autodétermination. Rabat a tenté d ́imposer son plan d ́autonomie au nouveau diplomate américain, chargé depuis 2010, par le Secrétaire général de l ́Onu de promouvoir une solution politique négociée de la question du Sahara occidental. Christopher Ross avait, d ́emblée, montré les lignes rouges des négociations entre les deux parties impliquées dans ce conflit : une solution fondée sur le respect du droit du peuple sahraoui à l ́autodétermination. Pour n'avoir pas emprunté la même voie que son prédécesseur hollandais au poste de représentant de l ́Onu pour le Sahara occidental, Peter van Walsum, qui avait outrepassé sa mission, en 2009, en sacrifiant ce principe majeur du droit international pour suggérer au Front Polisario la « realpolitik » (entendre annexion du territoire sahraoui), M. Ross a été désavoué par Rabat, en mai dernier. Or, M. Ban Ki-moon ne s'est pas laissé intimidé par le chantage marocain. Depuis mai dernier, il a multiplié ses déclarations de soutien à M. Ross. Cette fois, la donne a changé. Au pouvoir en France, depuis cette date, la gauche entend jouer la légalité internationale. En Espagne, les Socialistes ont perdu le pouvoir depuis décembre 2011, et le nouveau président, Mariano Rajoy, a apporté son soutien à M. Ross. C ́est donc, un représentant de l ́Onu pour le Sahara, fort du soutien plus large de la communauté internationale, qui effectue cette nouvelle tournée afin de faire avancer le dialogue informel vers des négociations en vue d ́une solution définitive du conflit au Sahara accidental, qui sera vieux de 37 ans, le 15 novembre prochain.