De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La gestion des déchets hospitaliers impose une culture, voire une formation aussi rigoureuse qu'efficace au profit du personnel chargé de ce volet, pour éviter toute éventualité pouvant générer des maladies ou divers accidents au niveau des hôpitaux. Une bonne gestion de ces déchets minimise à coup sûr le risque d'infection. Il est aussi question de préserver la santé du «personnel soignant» et du malade, cela pour évoquer le déroulement des soins prodigués dans les multiples services du CHU. Cependant, pour favoriser ce climat «pur» et ambiant à la pratique hospitalière, des mesures draconiennes devraient être de mise. Il va sans dire que l'opération de sensibilisation des structures chargées «du nettoyage» prendra déjà naissance au seuil des services, à commencer par une bonne collecte des ordures ménagères, avant de passer à l'épreuve fatidique de «désinfection», laquelle exige un effort non pas physique mais de «conscience» professionnelle, se résumant dans une meilleure prise en charge des déchets à risque, soit du 2e type que génèrent les hôpitaux. Si le problème ne se pose pas pour la gestion des ordures ménagères, versées directement dans la décharge publique, ce n'est pas le cas pour celles liées aux soins, dont le taux avoisine 20%. A ce sujet, le Dr Bouhachiche, médecin hygiéniste auprès du CHU de Constantine, nous dira que «les déchets de soins doivent suivre une filière spécifique, car ils génèrent des risques infectieux d'ordre radioactif, cytotoxique et chimique». Ainsi, tout le matériel piquant, coupant ou tranchant (aiguilles, bistouris…) est considéré comme générateur d'infection, c'est pourquoi, selon notre interlocutrice, il faut veiller à plus d'un titre à l'opération de tri. «Une fois les soins terminés, ces objets seront contenus dans des boîtes spéciales appelées [containers]. Celles-ci répondent aux normes françaises NF par la capacité de remplissage limitée et la forme» explique le médecin, et de préciser que «le tri constitue une étape très importante pour le traitement des déchets. Notre personnel est fort instruit sur le sujet. Le port des gants est obligatoire pendant les soins». L'hôpital génère également des déchets anatomiques, aisément identifiables (membre amputé à titre d'exemple). Une fois identifiées, ces pièces seront incinérées faute de «crémation», nous dit-on, conformément à l'arrêté ministériel des trois ministères, de la Santé, des Affaires religieuses et de l'Environnement. D'autres déchets appelés mous, à savoir les compresses, le sparadrap, les sondes… sont entassés dans des sacs bien robustes. Ainsi, un bon tri, au départ, favorise et sécurise la gestion des déchets depuis les premiers soins au traitement final. Au CHU de Constantine, rien n'a filtré sur le nombre de cas de malades infectés par les déchets hospitaliers. Face à l'indisponibilité du DSP, seul habilité à nous fournir de plus amples informations, et à l'absence de la personne supposée être sa suppléante, il nous a été impossible de dresser un tableau des éventuelles maladies contractées suite à la prolifération de déchets. Bref, nous jetterons notre dévolu sur le même médecin, lequel nous éclaire sur le sujet sans pour autant en avancer un chiffre : «De façon théorique, toutes les pathologies virales peuvent être transmises à travers le sang et les liquides biologiques. Ainsi, une étude faite en France en 2007 montre que les maladies qui touchent le milieu professionnel sont les hépatites B, C et le virus HIV.» Pour évoquer le traitement final des déchets infectieux, il est utile de souligner que le CHU de Constantine enregistre pratiquement une fois par semaine un pic de déchets liés aux soins, avoisinant les 1 034 kg. Cette quantité est triée et directement orientée vers l'incinérateur, le seul d'ailleurs dans cette structure hospitalière, qui fonctionne depuis 2004 avec une capacité de 60 kg heure, le second est à l'arrêt depuis longtemps, avance-t-on. Toutefois, cette machine sollicitée de toute part demeure «insuffisante». Un incinérateur performant doit répondre à plusieurs critères : disposer de deux chambres à combustion pour détruire efficacement les germes, atteindre une température de 1 200 degrés. «Les incinérateurs sont pourvoyeurs de problèmes par leur emplacement. Ils doivent être loin des services, car leur fumée est chargée de CO⊃2; et de dioxine fortement cancérigènes.» Et le rôle du filtre dans ce cas ? «Des études ont démontré que la fumée reste nocive, même si l'incinérateur en est doté», a répondu Mme Boughachiche, qui nous fera savoir que celui du CHU n'en n'est pas équipé. L'incinération totale devrait voir le jour au CHU à l'horizon 2009, avec la banalisation. En effet, un projet enregistré sur le bureau de M. Tou, et qui permettrait à la majorité des hôpitaux d'acquérir des «banaliseurs», nouvelle technique supplantant l'incinérateur, apte à réduire à néant les germes. Car la cendre qui en découle sera traitée tel un déchet «ménager». «Le banalisateur permet de réduire les déchets dans leur tonnage et dans leur forme en les rendant assimilable aux ordures ménagères, à condition que le tri soit efficace», soutient l'hygiéniste. En attendant la réception de cet outil révolutionnaire, l'incinérateur du CHU continue de dégager de la fumée nocive.