A quelques pieds sous terre, il y a matière à gloser sur tout particule ayant fait partie du grand puzzle culturel. Il suffit toutefois de se promener sous les arcades de la rue Bab Azzoun pour découvrir les mille ans d'histoire gravée sur une minuscule plaque de marbre indiquant, en latin, l'existence d'une capitale sous le grand consul de Rome. Quelques encablures plus loin, il y a tout un décor, une sorte de Traviata jaillissant d'un magma culturel où il faisait bon venir puiser de la joie. Un apanage qui ne manque guère d'intérêt, puisque les grands chantiers archéologiques sont actionnés sur place pour mettre au jour tous les trésors engloutis dans les entrailles de la terre. On reste quelquefois dubitatifs face à la longue torpeur qui a fait reculer les espoirs afin d'extirper Icosium des abysses de l'histoire. Après moult réflexions, la providence à jeté son dévolu sur un « lieu-dit » pompeusement fait de souvenirs et de gaité, dont le nom à résisté aux aléas du temps. Le paysage est resté le même, pourtant tout à changé. La grande terrasse n'a toujours pas vieilli, on y vient prendre son café ou son jus, c'est selon...Dans cet intime espace qui a marqué l'apothéose du vaudeville et du piano bar, il y a la sublime piste de danse où on venait donner libre cours au Tango. Même le rituel « Tea for two » était servi. On y pénétrait impeccablement nippé sur son « trente-et-un ». Chuchotements et murmures accompagnés d'hypocrites sourires de convenance faisaient la discrétion de ce grand café. Sartres, Vincent Monteuil et Germaine Tillon se sont succédé en pleine bataille pour prendre le pouls d'une révolution qui a déjà gagné le Tantonville. Au plus fort de sa réputation, il laisse encore des souvenirs sur un frontispice sur lequel est inscrit en arabe un nom venu d'outre mer, tels le quat'zarts, le Boul Miche rappelant fort bien l'histoire du bataclan. Le vieux bistrot de l'Hexagone qui fut le lieu de rencontres des révolutionnaires.