Le successeur de Hosni Moubarak, qui cumule les pouvoirs exécutif et législatif, a annoncé, jeudi, que toutes les décisions et les lois émises par lui, depuis son entrée en fonction le 30 juin 2012, sont « définitives et ne peuvent être sujettes à appel ». Selon Yasser Ali, le porte-parole de la présidence égyptienne, cette « déclaration », baptisée « loi de défense de la révolution », vise à abolir les structures de l'ancien régime, éradiquer la corruption et purger les institutions nationales de ce qui reste des « ruines du régime ». Elle appelle aussi, dit-il, à rouvrir des enquêtes et procès pour juger à nouveau les personnes accusées de meurtre de manifestants lors de la révolte de 2011 ou accusées de crimes terroristes commis contre les révolutionnaires sous l'ancien régime. Dans la foulée, le Président porte un coup d'arrêt à la procédure de dissolution du comité de la Constituante, chargé de la rédaction de la nouvelle constitution, dominé aux trois quarts par les islamistes et se permet un droit : limoger le procureur général Abdel Maguid Mahmoud qui aurait permis, dit-on, l'acquittement de certaines figures du régime de Moubarak accusées d'avoir pris part à la répression contre les manifestants en 2011. L'opposition, elle, qualifie Morsi de « nouveau Pharaon » et de « dictateur de droit divin ». Mohamed El Baradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Amr Moussa, SG de la Ligue arabe, et Hamdin Sabbahi, ex-candidat à la présidence, parlent de « coup majeur à la révolution qui pourrait avoir des conséquences terribles ». Comme lors de la révolution, ils se sont retrouvés, jeudi soir et hier, place Tahrir, aux côtés de milliers d'Egyptiens pour protester contre Morsi qui veut « monopoliser les trois branches du pouvoir » et conduire le pays vers un « enfer politique ». Ils demandent au raïs d'abroger son décret et de former un gouvernement de salut national. Malgré cette volée de bois vert qui va semer la discorde sur l'échiquier politique, l'ancien dirigeant des Frères musulmans, tient bon. « Personne ne peut arrêter notre marche en avant (...). Je remplis mes fonctions au service de Dieu et de la nation et je prends des décisions après avoir consulté tout le monde. L'Egypte est sur la voie de la démocratie », dit-il devant ses partisans, rassemblés près du Palais présidentiel au Caire. Mais si le territoire semble bien délimité au Caire, il n'en va pas de même dans les autres villes où partisans et adversaires du président sont entrés en confrontation. Comme à Alexandrie, Ismaïliya et Port Saïd, où les sièges du Parti de la liberté et de la justice du président ont été incendiés. L'Egypte n'est pas au bout de ses peines. Premier à claquer la porte après ces décisions dénoncées par une partie de la classe politique : Samir Morcos, le conseiller copte du président Morsi, chargé de la démocratisation de l'Egypte.