Kampala réussira-t-elle à éteindre le brasier congolais ? Si le retour au calme a été observé à la veille du sommet des pays de la région des Grands Lacs, mobilisé pour trouver une issue à la crise congolaise, les perspectives de relance de négociation restent lointaines. Dans la capitale ougandaise, l'absence du président rwandais Paul Kagame, délégant son ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, est déjà un signe annonciateur de la persistance des tensions régionales. Accusé par l'ONU de soutenir la rébellion du 23 Mars qui a réussi à lancer une offensive à l'est du Congo et s'emparer de la ville de Goma (capitale régionale du Nord Kivu), le gouvernent de Kigali, niant toutes les accusations, traîne les pieds. La défection rwandaise a davantage compliqué la donne, en vidant de toute substance un sommet qui a vu le déplacement du président du Kenya, Mwai Kibaki, et de son homologue tanzanien, Jakaya Kikwete. Cependant, la présence du président de la RDC, Joseph Kabila, et du chef du M23, Jean Marie-Runiga Lugerero, laisse espérer à une relance du dialogue amorcé par le Congolais Denis Sassou Nguessou, parti, hier, en « visite de travail » à Kigali, et multipliant, depuis le sommet de la francophonie tenu à la mi-octobre, des contacts avec l'opposition et les autorités congolaises. En marge du sommet des Grands Lacs, le président ougandais, Yoweri Museveni, a organisé des discussions séparées avec le M23 qui, bien au-delà du plan de retrait des rebelles et de l'arrêt de la belligérance, revendique au préalable l'ouverture des négociations directes avec Kinshasa et une stricte application des accords du 23 mars 2009 signés avec le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) dont l'aile militaire du M23 est issue. « Il faut se mettre autour d'une table avec la société civile, la diaspora, l'opposition, le gouvernement, qu'on puisse parler de tous les problèmes des Congolais. On attend une offre du président Kabila pour le dialogue », a affirmé Lugerero. Sur le terrain, l'avancée du M23, qui entend pousser l'avantage « jusqu'à Bukavu, Kisangani et Kinsahasa », veut mettre plus de pression sur Kabila confronté, depuis 2012, à la violence ininterrompue alimentée par les convoitises sur les immenses richesses naturelles et minières des Grands Lacs. Il se profile, à l'horizon, un « drame humain majeur »nécessitant, selon l'organisation humanitaire World Vision, une aide d'urgence au Nord Kivu pour une population de 120 000 personnes souffrant de la crise alimentaire, des pénuries d'eau et d'électricité. Une population forcée à l'exode continu rêvant de paix et de stabilité.