Moscou a-t-elle réellement lâché Bachar Al Assad et opéré un rapprochement avec son rival américain ? A l'issue de deux rounds de discussions à Dublin et Genève, Washington et Moscou auraient décidé de dépêcher Lakhdar Brahimi, le médiateur international de l'ONU et de la Ligue arabe, auprès de Bachar Al Assad dans ce qui pourrait s'apparenter à la remise d'un ultimatum pour que le président syrien quitte le pouvoir dans « la dignité ». C'est Robert Ford, l'ancien ambassadeur américain en Syrie, qui a annoncé cette nouvelle démarche, soulignant que les « Russes ont commencé à bouger sous la pression des rebelles sur le terrain ». Cette initiative, qui n'a pas été confirmée par l'équipe de l'émissaire onusien, intervient quelques heures après des déclarations « controversées » faites par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaël Bogdanov, selon lesquelles Moscou s'apprêterait à lâcher son allié syrien. « Nous devons regarder la réalité en face, le régime et le gouvernement syriens perdent de plus en plus de terrain », a-t-il déclaré. Ces propos ,qui ont fait l'effet d'une bombe sur la scène internationale, suscitant l'« enthousiasme » de ses rivaux occidentaux, ont été vite démentis par le ministère russe des Affaires étrangères qui a publiquement pris ses distances. « La Russie n'a pas changé et ne changera pas de position sur la Syrie », a affirmé, hier, le porte-parole, Alexandre Loukachevitch. « Nous voudrions souligner qu'il n'a fait aucune déclaration ou interview avec la presse ces derniers jours », a-t-il poursuivi, en précisant que M. Bogdanov s'était effectivement exprimé, jeudi, sur le sujet lors d'une réunion de la Chambre publique russe mais qu'il avait, à nouveau, réaffirmé la position russe sur l'absence d'alternative à une solution politique en Syrie. Sur le terrain, l'organisation djihadiste, le Front al Nosra, l'un des piliers de l'opposition armée syrienne, récemment mis sur la liste noire des organisations terroristes du Département d'Etat américain, a revendiqué l'attentat perpétré la veille devant le ministère de l'Intérieur à Damas, affirmant avoir blessé le ministre de l'Intérieur.