La jeune cinéaste algérienne Fatima Sissani a présenté dernièrement à Oran son film documentaire intitulé « La langue de Zahra ». Dans ce documentaire, elle met en scène sa propre mère Zahra, émigrée en France depuis 33 ans. Zahra est le personnage principal de ce film et toutes les scènes filmées tournent autour d'elle. L'idée du film représentée par Zahra est un tableau de l'émigration vue par l'ancienne et la nouvelle générations, constituée par les enfants de cette vague d'émigrés dans les années 1970. Ainsi, Zahra, malgré la longue période passée en France, est restée très attachée à sa terre natale. Elle n'a jamais voulu aller en France, c'est l'exigence de son mari. D'ailleurs, pour montrer sa désapprobation, Zahra n'a jamais appris le français. Mais par contre, elle a jalousement sauvegardé le parler de son village natal niché dans les monts du Djurdjura. Elle reste très nostalgique du pays, ne retrouvant ses origines qu'avec l'évocation de la poésie, des contes, des traditions, des chants et des coutumes. Par contre, la jeune génération est plus éloignée de ses origines. Bien intégrés dans la société française, ces jeunes ne pensent qu'au présent et à l'avenir. Fatima Sissani, elle-même vivant en France, jette ainsi un regard à la fois critique et bienveillant sur les problèmes vécus par cette émigration et les préoccupations humaines et sociales qu'elles engendrent. Il faut saluer le professionnalisme de cette jeune réalisatrice qui a su brillamment cadrer les visages, mettant particulièrement en valeur l'expression émotionnelle et sentimentale.