Par définition, le rôle de la photo est à double tranchant. Elle peut servir de support pour soutenir la vérité. Ou travestir dangereusement cette vérité. Au cinéma, cela se vérifie encore plus. Dans un film, on peut vous montrer, par exemple, des acteurs qui jouent le rôle de prisonniers nus qui sont torturés. Cela reste un film et la photo, ici, sert à illustrer la pratique de la torture dans le cinéma de guerre. Dix ou vingt ans après, cette même photo peut-être arrachée de son contexte réel et présentée comme un document authentique pour dire la torture pratiquée par les tenants d'un système ou d'un régime. Cette pratique est très courante, notamment, dans les chaînes de télévisions privées, particulièrement, quand ces télévisions n'obéissent à aucune règle déontologique et ne cherchent aucunement à établir des vérités. Il est souvent arrivé que des chaines, par exemples, égyptiennes ou qataries, extraient des photos de cinéma, sans procéder à la mention de renvois obligatoires aux films d'origine et les font passer pour des émeutes, des manifestations, des tueries même ! Y a-t-il une solution pour contrer le phénomène des travestissements des photos ? Dans les pays modernes, oui. Il existe même des lois pour sanctionner les contrevenants. Dans nos pays à nous autres, non. On ne le fait pas pour le piratage des films, comment peut-on le faire pour le détournement d'une simple photo quand bien même serait-elle dangereuse pour le cours de l'histoire... Il faut, sans doute, s'être levé du pied gauche ou ne pas pris son médicament juste après son petit déjeuner pour aller chercher des poux sur la pauvre tête d'une simple photo. Pourtant, les chercheurs, entre cinéastes et historiens, qui étaient présent à la journée d'étude sur le cinéma et la guerre de la libération l'ont fait. Et on n'a pas eu l'impression que ces experts travaillaient du chapeau puisque les nombreux présents à la salle du CRASC d'Oran se sont, tout naturellement, rappelés ces séries de photos fausses distillées par des chaines comme El Djazeera ou El Arabia pour frapper les esprits et agir sur le cours des événements.