Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Depuis l'introduction des antennes paraboliques en Algérie à la fin de la décennie quatre-vingt, le comportement des Algériens a changé de façon considérable et souvent dans un sens négatif. Il faut dire que cela n'étonnait personne dans la mesure où les Algériens étaient déjà ouverts sur la culture étrangère, mais ce qui était inquiétant à l'époque et même quelques années plus tard, c'est que les jeunes adolescents se tournaient corps et âme vers les cultures d'outre-mer en tournant le dos dangereusement à leur propre culture. Le système éducatif mis en place en 1976 ayant commencé à porter ses fruits «pourris» au début des années quatre-vingt-dix, les jeunes de l'époque commençaient à changer jusque dans leur comportement et même leur façon de marcher et de s'habiller. C'est que les chaînes de télévision françaises leur ouvraient les yeux sur de nombreux aspects de la vie en Europe en particulier et en Occident en général, mais entre la fiction et la réalité, les jeunes ne cherchaient pas vraiment à savoir, d'autant qu'ils vivaient une période des plus dramatiques et traumatisantes. Et c'est ainsi que la société s'est divisée en deux entités diamétralement opposées. La première en épousant la culture occidentale et l'autre en préférant celle du Moyen-Orient. Cela a été très difficile dans une période de violence qui a endeuillé toutes les familles algériennes. Cette ouverture sur le monde extérieur, la France et les pays arabes ensuite a participé au changement de comportement chez les Algériens. Et ce n'est pas par hasard, pour donner un exemple simple et concret, que les musiques occidentales et orientales se disputent les faveurs des millions de mélomanes algériens. Cela change d'une wilaya à l'autre et d'une région à l'autre. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le comportement culturel a beaucoup été influencé par la quête identitaire qui a longtemps souffert de la négation de l'Etat. C'est un peu ce qui a sauvé la face dans la région de Kabylie, parce que les jeunes, s'ils n'ont pas hésité à s'ouvrir sur le monde occidental pour ce qu'il véhicule comme valeurs de démocratie, de liberté et de modernité, n'ont pas pu tourner le dos définitivement à leur culture, à cause justement du déni subi, et ce, même s'ils ont vécu des flottements induits par la situation catastrophique vécue par l'Algérie. Il est vrai que la culture orientale n'a pas manqué d'influencer une partie de la population de la wilaya de Tizi Ouzou, particulièrement la gente féminine mais cela constitue une minorité comparativement au terrain occupé par la culture occidentale, notamment les jeunes qui ont parfois du mal à discerner entre la réalité sociale dans les pays occidentaux et la fiction émanant du cinéma, aveuglés qu'ils sont par leur situation socio-économique peu reluisante. La guerre de l'image a commencé le jour où la première antenne parabolique a été introduite dans notre pays. Une guerre depuis longtemps perdue par notre unique nationale et ses clones qui n'arrivent même pas à concurrencer les chaînes des pays arabes qui vont crescendo en nombre et en qualité. Mais l'influence étrangère sur la population ne se limite pas seulement aux troubles du comportement et aux choix musicaux et artistiques, mais elle est beaucoup plus large et elle, n'est pas toujours négative. Et le rôle de l'Internet dans l'épanouissement de la jeunesse algérienne est indéniable, surtout que, depuis quelques années, les jeunes découvrent en cet outil un véritable moyen de lutter pour la liberté et la démocratie dans leur pays. En fait, la culture étrangère est une arme à double tranchant. Elle est bénéfique quand on sait s'en servir mais elle peut être dévastatrice si on abandonne des jeunes qui peinent à entrevoir un avenir pour eux dans leur propre pays.