C'est un véritable plaidoyer qu'ont lancé, hier à Alger, des spécialistes et des malades pour la bonne prise en charge des paraplégiques, notamment sur le plan de la vessie, à l'occasion de la tenue d'une journée d'information relative à « la vessie neurologique ».Sous le slogan « Parcours de soins, parcours de vie », des professeurs de la santé, des chirurgiens urologues et la présidente de la Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH) ont convergé vers une seule et unique solution pour ces centaines de paraplégiques : le droit à une prise en charge adéquate. Pour la présidente de la FAPH, Atika El Mamri, « les blessés médullaires suite à un accident de la circulation ou de travail se retrouvent cloués sur une chaise roulante alors qu'ils peuvent reprendre une activité professionnelle et sociale. Néanmoins, ils restent confrontés à un gros problème, celui de la gestion du corps car la vessie se distend, le muscle s'étire, il y a destruction des récepteurs et la paroi devient fibreuse, sans valeur motrice. Le malade n'a plus de sensation, n'éprouve plus le besoin d'uriner et sans l'auto-sondage, il peut développer d'autres pathologie liées à l'appareil urinaire » dira-t-elle. Pour y faire face, Mme El Mamri demande « l'introduction de la sonde dans la nomenclature des produits remboursables. A 300 DA l'unité, et pour un usage unique, nombreux sont ceux qui réutilisent cette sonde avec tous les risques que celle-ci se transforme en vecteur de microbes qui remontent aux reins et les affectent ». Pour le Pr. Meziane Ammenouche, chef de service à l'EHS d'Azur Plage, « les 300 paraplégiques que nous recevons chaque année sont victimes essentiellement d'accidents de la route et nécessitent une prise en charge sociale pour surmonter ce handicap et s'assumer en matière de gestion de leur corps ». Il évoquera également les traumatisés crâniens et la nécessité de la formation des équipes multidisciplinaires, notamment des médecins généralistes qui interviennent en premier lors des premiers soins dans l'ambulance, l'infirmier, le chirurgien, le neurochirurgien, l'orthopédiste, le réanimateur et le rééducateur. « Notre pays ne manque pas de structures d'urgence. Ce qui fait défaut, ce sont la coordination inter-service et la motivation des praticiens au niveau national », a souligné le chef de service à l'EHS Azur Plage. Evoquant la vessie du Spina, le Pr. Ammenouche prône la création d'une unité spinale, spécialisée dans la prise en charge des maladies du rachis pour atténuer la souffrance des patients.Il a affirmé que « cette spécialité délicate exige la combinaison de plusieurs spécialités, comme la neurochirurgie, la chirurgie orthopédique, la réanimation, l'anesthésie et la rééducation fonctionnelle ». Notons que le 22 décembre, sur initiative de la FAPH, un réseau entre les associations a été installé pour échanger les informations de prise en charge des handicapés et communiquer les renseignements nécessaires relatifs aux paraplégiques.