Les cris de joie des enfants mêlés au gazouillis des oiseaux, bercés par les rayons de soleil de cette belle journée de fin décembre, attestent de l'ambiance particulière qui règne au « Dream Park » de Mohamadia. Cet espace ne connaît jamais de répit et les vacances scolaires ont boosté les entrées. « Bien qu'aucune statistique n'est établie, nous enregistrons entre 3500 et 4000 visiteurs par jour avec des pics durant les week-ends », expliquera Omar Baziz, gérant du site. La notoriété du site, son cadre familial et sa proximité des voies de transport (autoroute, tramway) mais aussi le manque de tels espaces de divertissement dans la capitale, tout cela plaide pour « Dream Park », au point de devenir une véritable fourmilière. Il est 13h 30, le moment de la grande affluence. Au niveau des deux entrées un nombre important de visiteurs est constaté. L'interdiction d'introduire des victuailles est scrupuleusement appliquée. Des couffins gorgés de différentes denrées sont confisqués et mis de côté, que, bien entendu, les propriétaires récupéreront à la sortie. Cette disposition n'incluant pas les repas et l'eau minérale pour les bébés, vise à encourager les achats à l'intérieur du parc. Selon la direction, « c'est pour éviter de générer un maximum de déchets ». Les sacs à main sont palpés et les différentes caméras donnent en temps réel le déroulement des activités, sécurisation des lieux oblige. C'est justement cette sécurité qui a encouragé des centaines de familles, notamment des femmes seules accompagnées de leurs enfants, à y venir ». Halima, une quinquagénaire habitant Bordj El Bahri, avoue : « Je viens régulièrement avec mes deux enfants en bas âge sans me soucier de la sécurité ». Sentiment partagé par cette maman de trois adolescentes qui atteste : « C'est l'endroit prisé par mon mari, où je peux accompagner mes filles ». Une autre dame résidant à Hydra dira : « J'habite à proximité du parc de Ben Aknoun, mais celui-ci est mieux sur tous les plans ». Ainsi, la fréquentation toujours grandissante de cet espace de détente n'est pas le fait du hasard. L'ambiance familiale et la sécurité des lieux sont des facteurs déterminants. En effet, lors de notre passage en cette journée ensoleillée, les agents de sécurité du parc secondés par des éléments de la sûreté nationale veillent au grain. Au moindre geste déplacé, à la moindre suspicion d'une quelconque agressivité, ces gardiens des lieux sont là pour intervenir. D'ailleurs, cette présence fortement remarquée dissuade les contrevenants et rassure les familles. Ces derniers n'hésitent pas à en parler fièrement, tel cette jeune maman qui témoigne : « C'est ce genre d'endroit qu'on doit multiplier. On a besoin de sortir, de se prélasser avec nos enfants, chose devenue possible grâce à ce parc ». Un groupe de jeunes filles et leur tante sont également là sans être accompagnées d'un homme. « Lorsque j'ai demandé à mon père d'emmener mes cousines au « Dream Park », il n'a pas rechigné, conscient qu'on sera en sécurité et durant toute la journée il n'a pas appelé pour savoir si tout allait pour le mieux », explique une jeune fille, la vingtaine bien entamée. Elle confirmera que durant la saison estivale les sorties sont souvent programmées la nuit. A l'entrée du parking attenant à ce site ouvert de 10 h à 21 h, un nombre important de véhicules aux immatriculations originaires d'autres wilayas, est en stationnement contre 50 DA de droit d'entrée. Des foules de gens, de tous les âges, arpentent joyeusement le chemin squatté par les vendeurs de ballons et autres jouets. Les effigies de « Bob l'éponge », « Dora l'exploratrice » et autres héros de dessins animées, volent dans le ciel, invitant les acheteurs. Dès que le seuil de « Dream Park » est franchi, une atmosphère joyeuse est perceptible. Des youyous, des rires et des cris fusent des jeux confirmant que la relaxation et le relâchement sont à leur comble. L'odeur du poulet rôti, du pop-corn (maïs soufflé), des gaufres et des crêpes invitent les connaisseurs à des dégustations sans limite. Plusieurs jeux sont ouverts et la grande roue enchaine passage après passage, augmentant ainsi la cadence, alors que la file d'attente devant les auto-tamponneuses ne cesse de s'allonger. Idem pour le swing-manège et le Carrousel. Les tables du restaurant sont quasiment toutes occupées. Les enfants courent d'un jeu à un autre recherchant celui qui convient le mieux à leur âge et à leur taille. Les employés chargés du fonctionnement des machines sont très regardants sur le respect des consignes de sécurité. Une disposition qui fait à maintes reprises des mécontents. « C'est difficile de refuser l'accès d'un jeu à un enfant, mais la sécurité de nos clients prime. La faute incombe aux parents qui font fi de ces consignes et poussent leur progéniture dans la chaîne qui dure parfois jusqu'à 30 ou 45 minutes », témoigne un agent. C'est justement l'image qui s'est offerte à nous au moment où nous discutions. Devant le jeu du train, des enfants de deux et trois ans attentaient leur tour. Les parents tout en surveillant les autres enfants qui voulaient « griller » la chaîne, conseillent la sœur et le frère aîné de bien se tenir et surveiller la marmaille. Au bout de 30 minutes d'attente, les enfants s'apprêtent à monter dans le train dont le trajet est sinueux, ce qui nécessite une bonne maitrise du corps sur le siège. A l'arrivée, les parents sont sommés de faire sortir les deux enfants. « Leur sœur est avec eux », n'a cessé de répéter le papa. Mais le niet catégorique de l'employé a certainement évité un éventuel incident aux conséquences dangereuses. Un citoyen, habitué des lieux, accompagné de ses deux enfants en bas âge approuve la décision en hochant la tête. « La sécurité et la propreté des lieux sont des critères qui ne laissent pas indifférents », soutient-il. Pour ce qui est des tarifs pratiqués (200 DA pour cinq jeux), notre interlocuteur estime qu'ils sont « à la portée des bourses moyennes ». D'autres citoyens ont opté pour le jardin d'Essais du Hamma ou Riadh El Fet'h. C'est le cas de cette enseignante d'arabe qui accompagne sa fille au musée du moudjahid. « Cette sortie est à la demande de ma fille qui a entendu, lors d'une table ronde sur une chaine satellitaire, un intervenant évoquer ce musée comme un lieu où l'on peut se faire une idée sur les atrocités commises par le colonisateur », affirme-t-elle. D'autres enfants n'auront pas droit à ces sorties car les parents travaillent, alors les grands parents prennent le relais en ces vacances scolaires.