L'Oasis rouge retrouve son faste dans la grande dimension des manifestations spirituelles avec la célébration du sacro- saint festival de Ahellil qui intervient pour marquer de son empreinte une existence culturelle de plus de mille ans. Classé patrimoine immatériel universel en 2005, l'Ahellil se remet à l'heure de la réflexion pour drainer chercheurs et universitaires venus en nombre traiter le riche legs que recèle la région de Gourara Adrar et toute la région du Touat. On aura parié que Aicha Lebgua et Hasna El Becharia donneraient la réplique aux troupes Gnawi venues des quatre coins du pays pour ressusciter les esprits de l'Ahellil. Tous les ingrédients sont mis à l'épreuve pour libérer le génie habitant le corps et l'esprit, les adeptes de la trans music se sont donné rendez-vous en cette fin d'année pour immortaliser la longue nuit de ce festival. C'est dans les profondeurs d'une belle nuit étoilée que le mystère est venu titiller les esprits pour ensuite s'installer comme panacée dans l'adoucissement des mœurs. Les pensionnaires de ce festival sont tous de Ahl El Hal les « gens de la transe » pour enfin passer dans le rang des initiés du Gnawi. Dans leur précieux répertoire, ils nous font découvrir un rituel pas comme les autres. Les membres de ces confréries sont pour la plupart originaires de Sidi Blel. Les relations entre les différentes confréries sont excellentes. La cérémonie et le déroulement de l'Ahellil se développent dans l'espace d'une nuit. On la désigne par ce terme qui veut dire nuit. Son rituel comporte quatre grandes phases : la'ada (la coutume), Bambra et les m'louk. La'ada est une procession haute en couleur, un véritable spectacle musical. Ce défilé bruyant qui incite à la danse et à la vibration n'est pas l'exclusivité des gnawas : les autres confréries défilent de la même manière, étendards et musique en tête, lorsqu'elles vont célébrer la lila. Les Bambaras (tambours, crotales) sont une série de danses effectuées par les musiciens de la troupe. Ce n'est pas encore de la transe mais un jeu préliminaire, un spectacle, une préparation à la phase sérieuse des M'louk. On y évoque les anciens maîtres, des personnages et esprits aux noms africains, la vie des esclaves. C est pourquoi cette partie est également appelée wlad Bambara (les fils de bambara). Bambara cette série de danse est effectuée par les musiciens de la troupe. Sur cette vaste étendue ocre rythmant magnifiquement la rougeur d'un coucher de soleil, le pèlerinage de l'Ahellil se refait dans la plus pure tradition mystique.