Un tour à la pêcherie nous renseigne amplement sur la cherté des produits de la mer. Juste quatre étals avec trois ou quatre cageots remplis de divers poissons. Hormis la seiche et le poulpe qui bougent encore sous la pression de la main, les autres poissons sans alignés sous une grosse couche de glace. Les prix donnent le tournis. La crevette rouge royale est proposée à 2200 dinars, le merlan, la dorade et la sole à 1600 dinars, l'espadon et le liman à 1700 dinars. Il faut dire que les clients ne se bousculent pas. Mais dès qu'une personne est guidée par l'odeur du poisson, elle est littéralement happée pour lui sériner la même chose, à savoir que « le poisson est frais et que les prix sont étudiés ». Si la personne a l'intention d'acheter, on lui propose « un prix imbattable ». Et cerise sur le gâteau, si cette même personne prend plus d'un kilo ou tout le contenu de ce qui reste dans le cageot, un « prix spécial » lui est proposé. A midi, les revendeurs à la pêcherie peinent à écouler leur marchandise. Pourquoi ces prix hors de portée des petites bourses ? Un ancien pêcheur dira que « la mer est devenue avare en poissons, c'est ce qui explique sa rareté donc sa cherté sur le marché ». Un autre répliquera que « les pêcheurs n'ont pas de matériel moderne. Ils pêchent avec les moyens du bord et avec des embarcations vétustes ». Le troisième rétorquera que « notre poisson est victime de trafiquants de tous bords. « Crevette, espadon et autres fruits de mer sont pêchés et vendus en haute mer sans transiter par les pêcheries », a-t-il affirmé. A une question sur la disparition de la sardine, accessible aux petites bourses, un autre revendeur a indiqué que « c'est à cause du repos biologique ». Un revendeur, qui suivait la conversation, a assuré qu'« elle est boudée par les pêcheurs à cause des fêtes de fin d'année ». En effet, conviendra un autre poissonnier, « en décembre, la demande est centrée sur les poissons de gros calibre et la crevette royale ».