Bamako s'apprêterait-elle à lancer une offensive pour libérer Kidal, Gao et Tombouctou au Nord et Mopti au Centre, occupées par des terroristes-salafistes et des narcotrafiquants avant septembre 2013, date « avancée » en novembre dernier par Romano Prodi, l'envoyé spécial de l'ONU au Sahel, comme la plus proche ? « Le Mali n'attendra pas des mois, comme certains semblent le préconiser, pour lancer la guerre contre les terroristes », répond Dioncounda Traoré. Même s'il reconnaît que « la guerre légitime, légale, rapide et propre que nous voulons mener avec l'appui de la communauté internationale contre les groupes occupant le Nord du Mali requiert davantage de temps pour régler tous les détails techniques, stratégiques et politico-juridiques ». Certes, la résolution 2085 du Conseil de sécurité sur le déploiement de la mission de 3.300 soldats de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ne fixe aucun calendrier précis, mais fixe des conditions précises. Comme l'ouverture d'un dialogue avec les groupes armés qui rejettent et le terrorisme et la partition du pays. Une condition qui ne devrait pas, selon plusieurs experts, rendre possible ce déploiement avant plusieurs mois. Comme s'il était engagé dans une course contre le temps, Dioncounda Traoré presse les groupes armés du Nord de « réaliser » les préalables à un « dialogue sincère et honnête » et à saisir sa « main tendue avant qu'il ne soit trop tard ». « En dépit des difficultés, je voudrais dire très fort que ma conviction est intacte dans la perspective imminente de la libération totale du Mali et que mon espoir est également intact dans le retour du Mali parmi les grandes nations démocratiques et laïques du continent », dit-il sans préciser si cette « libération totale du Mali » se fera « pacifiquement » ou« militairement ». L'ARMEE SE DIT PRÊTE « L'armée est bien débout. Les hommes sont sur les lignes de défense, sur les arrières et attendent impatiemment le moment propice et les ordres légaux pour aller à la reconquête de notre territoire et redonner à nos populations leur dignité et leur honneur bafoués », déclare, en présentant ses vœux au Président, Ibrahima Dahirou Dembélé, le chef d'état-major général des armées. Dans la foulée, le général avoue que « les efforts entrepris depuis avril 2012 ont permis la reconstitution de l'essentiel des unités de combat et l'acquisition d'un nombre important de matériel ». Autrement dit, il n'attend qu'un feu vert pour aller au front. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, le tombeur d'ATT, a tenu récemment les mêmes propos. En faisant le tour de certaines garnisons de Bamako, il a signifié à « ses frères d'armes » que la guerre de libération du Nord n'est plus qu'une question d'heures. « Nous n'attendrons pas jusqu'au mois de septembre 2013 pour engager la guerre contre les occupants du Nord », prévient-il avant de désigner les commandants de compagnie qui doivent libérer les régions du Nord et permettre à ces dernières de préserver leur caractère républicain et laïc. Le président malien et son chef d'état-major ne sont pas les seuls à se montrer optimistes. Blaise Compaoré, son homologue burkinabé et médiateur régional dans la crise au Mali, l'est aussi. « Nous fondons l'espoir que le peuple frère du Mali recouvre l'intégrité de son territoire national, la cohésion et la sécurité intérieure, essentielles pour son épanouissement », dit-il, en présentant ses vœux pour 2013.