Les présidents du Soudan et du Sud Soudan ont décidé de reprendre les pourparlers au point mort. Sous l'égide de l'Union africaine (UA), représentée par le médiateur sud-africain, Thabo Mbeki, la rencontre d'Addis Abeba entre Omar et Bechir et Kiir Silva représente une autre opportunité pour tenter de « surmonter les difficultés », selon la commissaire de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, et « traiter de manière décisive les problèmes en suspens », tel que l'exige le SG de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce nouveau sommet, qui intervient dans un climat de tension, aggravé par les accusations portées par le négociateur principal de Juba, Pagun Amun, sur les attaques et les bombardements aériens commis par Khartoum contre l'Etat sud-soudanais du Bahr El Ghazal, réussira-t-il à débloquer la situation et contribuer à asseoir les bases d'une coexistence entre les deux Etats ? La communauté internationale fait front pour garantir une issue définitive à la crise inter soudanise. A la veille des pourparlers d'Addis Abeba, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège avaient publié un communiqué commun demandant aux armées des deux pays de « se retirer immédiatement » de la zone frontalière, tout en relevant que la reprise de la production de pétrole est « particulièrement importante pour les deux économies et ne devrait pas être retardée par les négociations portant sur d'autres questions ». Mais, 18 mois après l'accession à l'indépendance du jeune Etat sud-soudanais, le contentieux reste lourd. Les divergences ont compromis l'espoir d'un règlement négocié entretenu par la signature des accords, en septembre, restés cependant lettre morte. Pis, la reprise des combats, au printemps, a renoué avec le spectre de la longue guerre civile (1983-2005) coûteuse en vies humaines (2 millions de morts). Les positions restent éloignées sur les questions litigieuses : le partage des ressources pétrolières, détenues par le Sud et commercialisées à partir des oléoducs du Nord, le statut des ressortissants établis sur le territoire de l'autre Etat, le tracé frontalier prévoyant une zone tampon démilitarisée et, surtout, l'avenir de la zone frontalière d'Abyei riche en pétrole. Abeyi est par excellence la pomme de discorde. Envahie par le Nord, en mai 2011, elle est présentement sous le contrôle des Casques bleus éthiopiens. Pour le négociateur sud-soudanais, la solution, préconisant un arbitrage international dont les modalités seraient à discuter, est la plus indiquée. Il y a mieux : le bout du tunnel pour les deux Etats engagé dans une ère de paix, de stabilité et de coopération mutuellement bénéfique.