Les postiers ne décolèrent pas et ce, malgré la déclaration de M. Mohamed Laïd Mahloul, DG d'Algérie Poste, selon lequel « une prime d'encouragement de 30 000 DA sera accordée avant le 12 du mois en cours au lieu d'une prime de bénéfice ». Hier, un rassemblement a été observé au niveau de la Grande-Poste. Des postiers venus de différentes wilayas ont rejoint le mouvement de protestation et se sont dits déterminés à aller de l'avant jusqu'à obtention gain de cause. « Nous ne voulons pas de charité, mais juste nos droits », a lancé un des grévistes soulignant que les « déclarations de M. Mahloul ne tiennent pas la route et que le secteur de la Poste ne peut être déficitaire ». A l'unanimité, les contestataires demandent l'intervention de l'IGF pour enquêter : « Où est passé l'argent d'Algérie Poste et pour définir les responsabilités dans cette situation ? », disent-ils. Le DG d'Algérie Poste a souligné que l'entreprise ne peut donner de prime de bénéfice aux travailleurs alors qu'elle est déficitaire. Dans un communiqué, la direction générale d'Algérie Poste avait affirmé « qu'en dépit d'une situation financière négative d'Algérie Poste en 2011, nous avons soumis une demande au conseil d'administration et au ministère de tutelle ». Elle a rassuré que « les revendications des travailleurs seront examinées, selon les moyens et les priorités de l'entreprise ». La réponse a été « immédiate ». Une réunion du conseil d'administration est programmée pour aujourd'hui. L'administration a saisi le syndicat pour rappeler les travailleurs à l'ordre d'autant qu'elle considère que « certains bureaux de poste ont observé un arrêt de travail sans préavis de grève ni respect des dispositions légales relatives au droit de grève ». Algérie Poste a, dans le même communiqué, appelé ses employés à « faire preuve de vigilance et de sagesse et à se rallier autour de leur entreprise en vue d'améliorer les prestations postales et relever le défi de manière à préserver l'image de la Poste ». Un appel qui semble ne pas avoir d'écho. « Nous ne rejoindrons pas nos postes de travail sans la satisfaction totale de notre plateforme de revendications », a lancé un des contestataires qui précise que la grève, enclenchée le 30 décembre, n'est pas chapeautée par le syndicat, mais initiée par un collectif des travailleurs. D'ailleurs, les postiers en grève demandent le départ des dirigeants du syndicat et du DG d'Algérie Poste. « Un syndicat est censé soutenir les travailleurs. Or, notre syndicat nous tourne le dos au même titre que l'administration », a tenu à souligner un jeune postier qui a informé, au passage, de la création prochaine d'un syndicat autonome des postiers (SAP). Pour ce qui est de la plateforme de revendications de 2008, il y a lieu de rappeler que celle-ci s'articule, principalement, autour des repositionnements des travailleurs, de l'application de la nouvelle grille de salaire, de l'octroi de la prime de bénéfice, la prime de scolarité et le plan de carrière. En attendant le dénouement de la crise, les usagers de la Poste prennent leur mal en patience. « Nous sommes pénalisés », dira une jeune fille déplorant le fait que « même le service minimum n'est pas assuré ». Elle avait pris place dans une longue file d'attente devant un distributeur automatique de billets de banque (DAB).