La marche annoncée hier par le personnel d'Algérie Poste en grève depuis plus d'une semaine a été finalement empêchée. Un dispositif sécuritaire très renforcé quadrillant toutes les issues au niveau de la Grande Poste d'Alger a été mis en place. La tension continue à monter. Des centaines de grévistes sont arrivés hier de toutes les wilayas du pays pour marcher de la Grande Poste vers le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, sis à Télémly. Placardant des affiches hostiles à la politique adoptée par le DG de l'entreprise, Mohamed Laïd Mahloul, les employés d'Algérie Poste campent sur leur décision et réitèrent leur détermination à aller jusqu'au bout de leurs revendications socioprofessionnelles. Sur l'une des affiches, on pouvait lire : «Donnez-nous nos droits», «Où est passé l'argent depuis 2003.Chut, Algérie Poste est gérée par une mafia». Les postiers exigent en premier lieu le départ immédiat du DG, qui serait, selon eux, «à l'origine de tous les maux de leur entreprise». Ils demandent également l'ouverture d'une enquête sur la mutuelle et les œuvres sociales, l'octroi d'une prime de rendement, le passage de grade, un rappel avec effet rétroactif de 2008 à 2011, comme convenu dans la convention collective signée en 2008. Bloquant les portes d'entrée de la poste, les détracteurs ont empêché le personnel opposé au mouvement de contestation d'accéder à leur poste de travail. Ils ont été qualifiés de «traîtres» et ont eu même droit à des jets d'œufs. Après cet incident, le service minimum a été complètement annulé, pénalisant ainsi lourdement les usagers. Ces derniers dénoncent le fait que la grève ait été lancée sans préavis à Alger-Centre. Cet état de fait a provoqué des mécontentements chez de nombreux clients d'Algérie Poste qui refusent d'être pénalisés par cette grève, plus particulièrement en ce qui concerne le retrait de leur argent. «Je vous assure que je n'ai même pas de quoi nourrir ma famille», se plaignait un salarié rencontré sur les lieux. Il ajoute : «Depuis le début de cette grève, je fais le tour de tous les bureaux de poste, en espérant trouver une âme charitable ; hélas personne ne se préoccupe de notre situation», regrette le même interlocuteur. Absence d'un service minimum En l'absence d'un service minimum, des millions d'usagers se retrouvent dans le désarroi, notamment en ce qui concerne le retrait d'argent. M. Mahloul a pour sa part déclaré hier sur les ondes de la Radio nationale que son entreprise est déficitaire, ce qui ne lui permettait pas d'accorder des primes de rendement à son personnel. Algérie Poste avait précisé, dans un communiqué diffusé samedi, qu'en dépit d'«une situation financière négative de l'entreprise en 2011», une demande a été soumise au conseil d'administration et au ministère de tutelle (...) relative à la prime du bénéfice annuel de 30 000 DA qui entrera en vigueur avant le 12 janvier 2013». Il a appelé, en outre, ses employés à «faire preuve de vigilance et de sagesse et à s'unir autour de leur entreprise en vue d'améliorer les prestations postales et relever le défi de manière à préserver l'image de la poste». Cependant, M. Mahloul avait affirmé mercredi qu'une action était en cours avec le syndicat pour contenir la grève, qu'il avait qualifiée d'«illégale». Ce responsable avait souligné que «les représentants officiels des travailleurs du secteur sont en contact avec les protestataires pour tenter de les raisonner et examiner les moyens de prendre en charge leurs revendications». Par ailleurs, Mohamed Laïd Mahloul a annoncé hier la convocation d'une réunion extraordinaire du conseil d'administration qui devrait avoir lieu aujourd'hui afin d'étudier les propositions des différentes parties en vue de mettre fin au conflit. Cette nouvelle annonce faite par le même responsable intervient quelques jours après celle de la tenue d'une réunion de concertation, prévue le 15 janvier.