Le pays n'est pas en guerre contre son opposition, affirme Le président syrien, mais contre des « extrémistes et des salafistes, proches d'Al-Qaïda, qui mènent des actions armées avec le soutien de pays étrangers » qui veulent la partition de la Syrie. C'était hier matin, à la Maison de la culture et des arts, dans le centre de Damas, lors de son « très applaudi » discours à la Nation, le premier après celui du 3 juin dernier. Al-Assad, dont le mandat expire en 2014, rejette globalement et dans le détail toute idée de « dégager » du pouvoir. « Toute transition doit se faire par des moyens constitutionnels », dit-il, avant de présenter son plan de sortie de crise en plusieurs étapes. La première, l'engagement des pays impliqués dans la crise de son pays à « arrêter de financer l'armement des terroristes ». La seconde, l'arrêt des opérations « terroristes » et le contrôle des frontières. La troisième, l'ouverture d'une « conférence de dialogue national », avec la participation de toutes les forces politiques. Objectif assigné à cette conférence : rédaction d'une Charte nationale, soumise à référendum, et qui devrait défendre impérativement la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale. Elle doit aussi rejeter l'ingérence étrangère, le terrorisme et la violence. La quatrième, l'organisation des législatives. La cinquième, la formation d'un gouvernement élargi à toutes les composantes de la société. La sixième, la tenue d'une conférence nationale de réconciliation et amnistie générale pour toutes les personnes détenues en raison des événements. La septième et dernière étape, la reconstruction des infrastructures détruites depuis mars 2011. « Si ce dialogue ne s'est pas ouvert jusqu'à présent, ce n'est pas parce que nous ne voulons pas d'une solution politique, mais nous n'avons pas encore trouvé de partenaire. Pouvons-nous dialoguer avec des gangs qui prennent leurs ordres de l'étranger ? (...) Nous dialoguons avec les maîtres, pas avec les esclaves. Voulez-vous que nous dialoguions avec des marionnettes de l'Occident, qui les a fabriquées et qui leur a écrit leurs discours ? Il vaut mieux discuter avec l'original, pas avec des gens qui jouent un rôle sur les planches de la scène internationale », dit-il, dans une allusion à peine voilée à l'opposition qui exige « son départ », avant toute négociation, et à l'Occident qui a « fermé la porte du dialogue ». Et de récuser, plus loin, le terme de « révolution » utilisé par ses opposants. « Une révolution a besoin d'intellectuels, où sont les intellectuels de cette révolution ? Une révolution a besoin de leaders, qui sont les leaders de cette révolution ? », dira-t-il, avant d'asséner : « C'est une bande de criminels » qui s'attaquent à un peuple uni qui tente d'« éviter l'effondrement du pays ». Al Assad, qui exclut de cette offre toutes les « personnes qui refusent une solution politique ou qui ont trahi la Syrie », demandera à son gouvernement de « fournir les détails de ce plan dans les jours qui viennent ». Comme attendu, l'opposition rejette le plan d'Al Assad. Walid al-Bounni, le porte-parole de la coalition, soupçonne le président de « vouloir choisir ses interlocuteurs ». « L'objectif pour les Syriens est de sortir Al Assad. Ils ont déjà perdu pour cela plus de 60.000 martyrs (...), ils n'ont pas consenti tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique » affirmera-t-il. Le ballet diplomatique, qui semble s'intensifier, depuis quelques semaines, permettra-t-il le retour à la paix ? Lakhdar Brahimi, l'émissaire international pour la Syrie, évoque, après plusieurs rencontres avec les Américains, les Russes et les Syriens, un plan prévoyant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement aux pleins pouvoirs et des élections.