Partira, partira pas ? L'avenir du président François Bozizé est suspendu aux pourparlers de Libreville qui seront entamés, aujourd'hui, sous l'égide de la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEAC). C'est suite à la médiation entreprise par le président de l'Union africaine, le président béninois, Thomas Boni Yayi, que la proposition de négociation a été entérinée par le président centrafricain, sous la pression, il est vrai, de la rébellion, arrivée aux portes de Bangui. C'est hier donc que les 3 délégations, représentant le pouvoir, l'opposition démocratique et la Seleka, ont pris le chemin de Libreville pour présenter leurs revendications et débattre de la plateforme de sortie de crise qui fera l'objet de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la CEAC et du Comité de suivi de l'accord de paix de 2008, présidé par le Congo. Il est en définitive attendu que les propositions de sortie de crise soient avalisées par le sommet des chefs d'Etat de la CEAC. Sauvé du désastre, grâce à la présence rassurante et efficace de l'armée tchadienne, renforcée en la circonstance par la Fomac (Force multinationale d'Afrique du Centre) et les troupes sud-africaines déployées récemment à Bangui), le président contesté par l'opposition démocratique et la rébellion fédérée dans la Seleka, lâchera-t-il du lest ? Toutes les options sont sur la table dans un climat d'incertitudes, caractérisé par la précarité du statu quo et l'absence d'un calendrier de négociation précis. La Seleka, dont l'arrivée a été retardée d'un jour (jusqu'à hier) en raison de la panne technique de l'avion, maintient la pression sur le président Bozizé, conforté par l'effet dissuasif de la Fomac. A la veille du rendez-vous de Bangui, la prise des deux villes du centre (Alindo et Kouango, situées à une centaine de km de Bambari) délivre un message sans équivoque sur « le départ ou le chaos » validé par le chef de l'UFDR, Michel Djotodia, conduisant la délégation de la Seleka. Ce point de vue maximaliste n'est pas partagé par le chef du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), Abakar Salbone, plaidant plutôt pour le retour aux revendications initiales, à savoir l'application de l'accord de 2008. La Seleka ne semble pas parler de la même voix. Une composante de la rébellion, la Convention patriotique pour le salut du Kodro (CPSK) de François Nelson Ndjadder, veut négocier. Une autre composante, représentée par le porte-parole de la Seleka, Eric Massi, ne veut pas de « palabres inutiles ». Elle plaide pour un report des négociations pour mieux se préparer, tout en réitérant le départ incontournable de Bozizé. « Le départ de Bozizé n'est pas négociable. Il ne veut pas partir, mais, il n'a pas les moyens de rester », a-t-il affirmé. « Ce dont nous devons parler avec les chefs d'Etat d'Afrique centrale, ce sont des conditions de départ de Bozizé, des garanties pour sa sécurité et celle de sa famille, afin qu'il puisse se retirer dans la dignité », a précisé Massi. Tiraillements ? Dans le camp de l'opposition démocratique, dirigée par Maître Nicholas Tiangaye, l'ambition de faire « changer les choses » reste la seule préoccupation exprimée. L'imbroglio centrafricain n'a pas encore révélé tous ses secrets.