A Constantine, le passage du nouvel an Yennayer n'est plus considéré comme une fête sociale, et est moins connu que les fêtes de l'Achoura ou de Mouharam. Cet anniversaire est rarement célébré, même si les Constantinois sont de plus en plus intrigués par la symbolique de cette date et donc séduits. A l'exception de quelques familles généralement originaires de la Kabylie ou des Aurès qui célèbrent l'événement par un diner copieux (couscous ou Chakhchoukha), le Yennayer ne signifie hélas rien pour beaucoup de Constantinois et reste même un mystère : « Cette fête est célébrée à Constantine par une partie de la population issue de la Soummam et des Hauts-Plateaux, des générations de familles qui ont continué cette tradition amazighe. Mais ce que nous constatons c'est qu'aujourd'hui beaucoup d'Algériens, pas seulement originaires des régions berbères, tiennent à la célébrer parce qu'elle est considérée comme une fête laïc et, à ce sujet, il y a des thèses contradictoires. Les pouvoirs publics poussent les Algériens à la célébrer car elle est une fête identitaire et donc elle rassemble les gens. Pour sa part, la direction de la culture de Constantine tente, depuis trois ans, d'inculquer les traditions de cet événement à une population qui a, certes, perdu beaucoup de coutumes berbères, mais qui vit dans une ville chargée d'histoire, autrefois capitale de l'ancien royaume berbère, la Numidie, qui a vu le passage de rois tels que Massinissa et Jugurtha. Le directeur de la culture de la wilaya, M. Foughali, nous a déclaré à cet effet que l'organisation depuis trois ans d'un salon et d'expositions est prise très au sérieux par les hautes instances de la culture du pays : « Depuis 2011, nous avons décidé d'organiser à chaque Yennayer une manifestation culturelle pour permettre au public de découvrir cette tradition. C'est le ministère de la Culture et la wilaya qui parrainent l'évènement. Lors de la première édition de Yennayer en 2011, le public a timidement manifesté sa présence, mais l'année suivante il y a eu un engouement de la part des familles constantinoises qui étaient curieuses de connaître cette fête. Ce qui me rend heureux, c'est que nous avons constaté que quelques jours avant le 12 janvier, les commerçants vendent des arachides et la population est plus réceptive. Cette année encore nous aurons un riche programme à présenter au public, avec d'abord du 12 au 15 janvier un salon dédié à la tradition berbère qui se tiendra à la maison de culture Mohamed-El-Aid El-Khalifa organisé en collaboration avec l'association Djoussour. Nous aurons également des journées consacrées à la littérature et à l'histoire berbère. Un événement qui verra la participation de plusieurs wilayas parmi lesquelles Tizi Ouzou, Khenchela, Mila, Skikda, Bejaïa et Annaba. »