les enseignants qui montent au créneau Cette fois, pour demander « une protection juridique » contre la violence des élèves et de leurs parents. Selon le porte-parole de l'UNPEF (Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation), Messaoud Amraoui, « les enseignants dans tous les cycles scolaires font l'objet ces derniers mois d'agressions verbales et corporelles et d'injures de la part des élèves et de leurs parents ». « Le phénomène a pris des proportions alarmantes et aucune mesure n'est prise pour protéger les professeurs. L'enseignant est insulté, menacé et même tabassé dans la salle de la classe et à l'extérieur de l'établissement scolaire », souligne notre interlocuteur. Plus grave, les enseignants font l'objet de poursuites judiciaires, « le comble est que la plupart des parents d'élèves qui se plaignent demandent des dommages et intérêts à partir de 10 millions de centimes. C'est devenu un vrai commerce ». Pour ce syndicat, ce phénomène s'est propagé suite à l'application de la loi d'orientation scolaire 08/04 qui interdit le recours à la violence contre l'élève. Le porte-parole de l'UNPEF insiste sur la nécessité de l'application du code pénal de 1979. Il a appelé aussi les parents d'élèves à jouer leur vrai rôle à travers le suivi de leurs enfants tout le long de l'année, « malheureusement, on ne les voit que deux fois par an. La première au début de la rentrée scolaire et la deuxième lors de la remise des bulletins. Des parents n'hésitent pas à menacer et insulter les enseignants en présence des élèves ce qui encourage leur progéniture à recourir à la violence », dit-il. 201 enseignants agressés par des élèves au primaire L'UNPEF appelle les partenaires à organiser des journées d'étude sur la violence à l'école. Le CLA, qui avait établi une étude sur le phénomène, avait estimé que l'année scolaire 2010-2011 a enregistré 25 000 cas dont 3 500 dans le primaire entre élèves. Plus de 13 000 cas ont été constatés dans le moyen entre élèves et plus de 3 000 dans le secondaire entre élèves. En outre, 201 cas de violence des élèves contre leurs enseignants dans le primaire ont été recensés. Les élèves « auteurs » ne dépassent pas l'âge de 11 ans. Par ailleurs, 2 899 autres cas de violence des élèves contre leurs enseignants ont été enregistrés dans le cycle moyen et plus de 1 455 as de violence des élèves contre leurs enseignants dans le secondaire. L'étude révèle également que 1 942 cas de violences des enseignants contre leurs élèves dans les trois cycles ont été enregistrés. Les enseignants recourent aussi à des actes de violence à l'encontre de leurs collègues. On dénombre 501 cas de violence entre enseignants. D'autre part, trois cas d'agression contre des enseignants par des parents d'élèves ont été signalés au début de la rentrée scolaire 2012/2013 . Selon le CLA, 40% des élèves ont des comportements violents et 60% ont fait l'objet d'actes de violence à l'intérieur et à l'extérieur des établissements scolaires. 52 poursuites judiciaires en 2012 Sur ce sujet, le président de l'Association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed, qualifie la situation de « grave ». L'Algérie est classée parmi les cinq premiers pays au monde concernant la violence en milieu scolaire. Revenant sur les causes, il évoque le manque de communication entre le professeur et l'élève, la déperdition scolaire et la mauvaise formation des enseignants. « Nombre de professeurs ne maîtrisent pas la psychologie de l'enfant », a-t-il affirmé ajoutant que les dispositifs de prévention de la violence existent pour pénaliser tous les acteurs de la violence y compris les élèves. « Il existe un conseil de discipline pour corriger l'élève indiscipliné ou délinquant ». Le représentant des parents d'élèves avance un chiffre de 500 cas enregistrés en 2012. « Plus de 500 élèves ont fait l'objet d'agressions par des enseignants, des agents de l'établissement et par des personnes à l'extérieur du milieu scolaire. Mais 90% des cas ne sont pas signalés ». Interrogé sur le recours à la justice par certains parents d'élèves, M. Khaled estime que les plaignants demandent des dommages et intérêts pour le traitement de leurs enfants violentés et agressés. « Mais ce sont des cas rares. Seuls 52 ont été déclarés à la justice au niveau national. On recourt aux sentiments dans la plupart des cas. Si on saisissait la justice, des centaines d'enseignants se retrouveraient en prison. Si j'accuse les enseignants, j'ai le droit. J'étais professeur de maths pendant 27 ans. Tout revient à l'enseignant qui doit imposer le respect tout en maîtrisant sa matière », a précisé le président de l'association.