Tout le monde s'accorde sur le fait que le secteur des transports est essentiel au développement économique et social. Le désir d'une mobilité facilitée et accrue est aussi très largement partagé dans le monde. Mais en Algérie, même si les avantages de ce secteur sont énormes, les transports représentent, selon les spécialistes, l'une des causes principales de la pollution atmosphérique, surtout en milieu urbain. Ils sont également à l'origine de la forte dégradation de la qualité de l'air et mettent sérieusement en danger la sécurité sanitaire des populations. La pollution automobile est assurément un fléau de la vie moderne, voire un véritable problème de santé publique, selon les médecins. Mais est-ce vraiment une fatalité contre laquelle on ne peut rien faire ? Contacté à cet effet, le Dr Azzedine Ben Lakehal, spécialiste en pneumologie à Alger, a indiqué que le problème ne concerne pas seulement notre pays : « Les nombreuses études épidémiologiques menées à travers le monde certifient, sans conteste, des effets ravageurs de la pollution de l'air qui pose un véritable problème de santé publique. Les émissions de monoxyde de carbone, des oxydes nitreux, des hydrocarbures imbrûlés et de l'ozone émanant du gaz d'échappement des véhicules, provoquent de nombreuses pathologies, dont notamment des maladies respiratoires, cardiovasculaires et ophtalmologiques ainsi que différentes formes d'allergies ». Le praticien précise que « les polluants comme les aromatiques polycycliques et les particules d'hydrocarbures comme les suies, qui se trouvent dans les rejets des moteurs diesel, ont des effets encore plus graves puisqu'ils causent des maladies respiratoires aiguës qui se terminent souvent par des cancers ». Les poussières engendrées par la pollution automobile, selon le médecin, dépassent chez nous, de 2 à 3 fois les normes internationales admises par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon le dernier rapport du département de chimie de l'université Mentouri de Constantine, les maladies respiratoires ont progressé en Algérie de 33 % en 2012. En raison de cette évolution, les maladies respiratoires représentent désormais un tiers des consultations médicales. Le Dr Ben Lakehal a noté la progression particulière de la broncho-pneumopathie chronique obstructive en Algérie au cours de la dernière décennie. « Selon les résultats d'une étude récente réalisée pour le ministère de la Santé, 2500 personnes meurent annuellement des suites de complications respiratoires dues aux gaz d'échappement », a-t-il indiqué. Comment se manifestent ces maladies ? Le spécialiste en maladies respiratoires explique que « l'exposition à des concentrations importantes de gaz d'échappement entraîne des signes d'irritation des yeux ou des voies respiratoires. Inhaler des gaz d'échappement provoque la fatigue, nausées, maux de tête, perte de connaissance... Dans le cas de l'utilisation de moteurs thermiques dans des espaces insuffisamment ventilés (souterrains, tranchées, galeries, tunnels...), les risques d'intoxication sont particulièrement élevés ». Elles se manifestent également sous forme de toux, de bronchite chronique, de diabète et d'hypertension. Selon les éclaircissements fournis par ce médecin, les particules pénètrent dans les bronches et les cavités pulmonaires et peuvent provoquer des infections respiratoires. A moyen ou long termes, l'exposition aux gaz d'échappement est associée à une augmentation du risque de cancer des poumons et, dans une moindre mesure, à une augmentation du risque de cancer de la vessie. Pour lutter contre la pollution automobile, deux actions principales ont été menées dans le monde et plus particulièrement dans les pays développés. La première a porté sur le développement technologique des moteurs et des véhicules et la seconde sur l'amélioration de la qualité des carburants. On conseille donc le développement des moyens de transport en commun roulant notamment à l'électricité, comme le métro, le tramway, ou au carburant moins polluant (gaz naturel). L'utilisation du GPL et de l'essence sans plomb est également recommandée.