Depuis plus d'un mois, Ali Mouzaoui fait tourner sa caméra dans la région d'Ath Yenni où se déroulent ses histoires dont la grande histoire nommée «Taddart n'lfetta» ou «Le village de l'argent» entendre par là le bijou, Qui raconte et laisse raconter la jeunesse dans toute sa verve et son énergie et bien sûr ses déboires et ses rêves. Le réalisateur de l'inoubliable Mimezerane remet ça. Son choix s'est porté cette fois sur la région d' Ath Yenni à quelques 50 kilomètres du chef lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, en adéquation avec cet intitulé donné par l'auteur du scénario Ahmed Ben Allam, dont les pourtours se situent dans un village de Kabylie où la part belle est faite aux jeunes, en mal du pays, en mal de leur société, en recherche constante d'une entente avec l'ancienne génération, de leur harmonie avec leurs conditions de vie et leurs espérances. En 22 épisodes, les acteurs de cette série, une production exécutive de la télévision nationale par le biais de la chaîne 4 tamazight, se disputent des frasques de la vie d'aujourd'hui, liées au passé de leurs parents et aïeux, indissociablement retournées vers l'avenir. Les comédiens ont été choisis parmi ceux qui ont évolué dans Mimezrane, en hommage à leurs prestations premières comme Abderrahmane Debiane, Hamza Iguer, le jeune Salim, l'héroïne Mimezrane enfant … mais le dévolu du cinéaste a également été jeté sur de jeunes amateurs, produit de plusieurs castings, qui dit d'eux Ali Mouzaoui « ont du tonus, sont pleins d'énergie, de vigueur et apprennent vite, avides qu'ils sont de connaître, de savoir, de parfaire leurs connaissance. Ils bousculent, comme garçons et filles, les donnes » D'où pour le réalisateur qui tire une leçon de cette dévotion juvénile : «l'urgence d'une formation» en direction de ces jeunes potentialités et la nécessité de remédier à une situation de précarité quand pour chaque film, il faut brasser large pour pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie. Et former aussi pour mettre à jour les métiers de cinéaste, de scénariste, ce grand manque à gagner ! Et ce sont ces amateurs qui font la révélation de ce nouveau chantier Mouzaoui qui en est aux finitions : une véritable course contre la montre avec pas moins de 520 minutes de film de tournés en un temps record, pour être à point nommé pour le mois de ramadhan. Période à laquelle cette série télévisée est programmée. Il est aussi de ce feuilleton, un grand nom du 7ème art comme il l'est du 4ème, Zahir Bouzerar, auquel Mouzaoui rend un vibrant hommage. Un autre point d'honneur sur lequel insiste le réalisateur, c'est celui de ces histoires qui tissent la trame narrative du scénario et dont l'intitulé en est une véritable concentration. Ces histoires font état d'une réalité vécue par tous les jeunes algériens en dilemme avec eux-mêmes et leur environnement qu'il soit familial, professionnel, scolaire ou matériel. En témoignent ces bribes mises au goût du jour à travers cette fresque d'un retour vers le passé, talonné inévitablement par ce sentiment de nostalgie parsemée de déceptions et d'illusions perdues. Avec ce retour épisodique d'émigrés qui veulent retrouver leur village brut, à l'état original comme si le monde s'y est arrêté à leur départ. N'est-ce-pas cet homme qui s'en revient à Taddart et qui retrouve sa femme non plus à gérer sa boutique mais en parfaite photographe à l'ère du numérique. S'en suivent malentendus, colères, séparations et puis bon, cette remise en cause d'un état de fait, suivi d'une mise à l'évidence par celui qui n'était pas prêt à subir les contre-coups d'une modernisation et d'un progrès dans lequel même son village s'est laissé enlisé, légitimement, et contre lequel dans l'évolution des choses, il n'a pu résister. Taddrt n'lfetta est en fait une succession d'événement vécus par des personnages, qui incarnent le commun des petites gens, s'imbriquent les uns les autres, dans des histoires qui tout en étant parallèles forment un long tissage d'une vie dans un présent fait de remuements et de transformations, autours desquelles tournent l'essentiel de l'histoire, puisée dans le quotidien effervescent de la jeunesse aujourd'hui. Ali Mouzaoui qui est en phase de clôture de son projet cinématographique tourné essentiellement à Taourirt Mimoun, l'un des 7 villages qui constituent la contrée, nichée à près de 900 mètres d'altitude, compte parachever avec des prises de vues du pittoresque paysage du majestueux Djurdjura dans lequel est lové Ath Yenni et ses environs, en se posant sur les cimes montagneux et amorcer la descente sur les rebords de Takhoukhout, qui respire aujourd'hui l'humidité du grand barrage de Taksebt. Ensuite seront fixées des images sur la ville et l'université de Tizi Ouzou, avant de se hisser sur les hauteurs de Tikjda. Et si comme pour tout projet cinématographique, les conditions ne sont à point, il est réitéré encore une fois cette volonté de l'équipe Mouzaoui à transcender toutes sortes de difficultés, afin de mener à bon entendeur la vie trépidante d'un village de Kabylie. Le réalisateur tient pour ce faire, à remercier M. Boumaza Mohand Arab, maire d' Ath Yenni et son équipe pour « Sa disponibilité et ses encouragements à l'effet de voir aboutir ce film. ‘'M. Boumaza a compris la nécessité d'une ouverture sur l'image, la langue et la culture amazighe à pourvoir et à mettre en valeur''