Lounis Aït Aoudia, président de l'association en question, a mis en évidence dans son intervention toute l'importance que revêt cette date : « La célébration de cette date qui constitue un véritable legs est un élément structurant de la personnalité algérienne ». M. Aït Aoudia, qui a insisté sur la nécessité de pérennisation de ce rite religieux, a retracé, quoique succinctement, le parcours de Sidi Abderrahmane, homme érudit s'il en fut, qui a beaucoup apporté à l'humanité entière. Dans la foulée, il a rappelé la politique coloniale qui a visé la dépersonnalisation des populations locales par le biais de leur déculturation en vue leur asservissement et exploitation : « Dès son arrivée dans notre pays en 1830, le colonisateur français a entrepris un travail de domination en essayant de déposséder le peuple de sa culture ancestrale. Mais celui-ci n'a pas abdiqué. Au contraire, il s'est insurgé à chaque fois qu'il s'est senti visé dans sa foi ». M. Aït Aoudia est revenu, en outre, sur l'impérieux besoin de la sauvegarde de la Casbah qui se dégrade de plus en plus en raison des aléas climatiques : « La Casbah, c'est d'abord une âme, un patrimoine culturel, voire une matrice de notre histoire et civilisation qu'il faut préserver. Travaillons main dans la main pour que ce legs inestimable ne disparaisse pas ». M. Aït Aoudia a plaidé, en outre, pour la préservation du haïk, habit typiquement algérien, qui doit, à ses yeux, être classé patrimoine universel : « Cette tenue traditionnelle témoigne depuis la nuit des temps de l'existence d'une culture et d'une civilisation proprement algérienne. D'où l'urgence de l'inscrire au patrimoine mondial ». La moudjahida Anne Steiner, quant à elle, a évoqué brièvement son engagement aux côtés du peuple algérien pour l'indépendance du pays. Elle a affirmé qu'elle a d'abord connu la réalité coloniale à travers ses premières lectures. Ce qui l'a cependant bouleversée, c'est lorsqu'elle a vu de ses propres yeux des propriétaires terriens algériens travailler, après être dépossédés de bien, contre des salaires modiques : « Au déclenchement de la guerre de Libération nationale, le premier novembre 1954, j'ai applaudi spontanément. Ce jour-là, ma vie a basculé du côté algérien, car il y avait en moi un sentiment d'injustice ». Archicomble en ce jour célébrant la naissance du Prophète (QSSSL), le mausolée accueille quotidiennement plus de cent cinquante visiteurs. En plus des personnalités nationales, il reçoit également des ambassadeurs et des hommes de culture de toutes nationalités de passage à Alger. Ce haut lieu de recueillement est un véritable hospice où l'être humain se réconcilie avec son Créateur, un lieu de retraite où l'âme retrouve sa quiétude. La fête du Mawlid ennabaoui echarif est un moment de réappropriation des valeurs et des repères mémoriels de la société, des retrouvailles festives de contemplation ainsi qu'une rencontre conviviale pour les familles algéroises.