Le théâtre au cours de cette dernière décennie vu et analysé par notre confrère Bouziane Ben Achour, journaliste et homme de lettres, qui dans cet ouvrage revient sur les étapes de l'art des tréteaux en Algérie à partir d'une date précise. C'est en spécialiste en la matière que l'auteur s'est investi dans ce livre du fait que le monde théâtral lui est familier, lui qui depuis plus de deux décennies, sinon plus, a suivi l'évolution des « baladins ». Parmi les nombreux chapitres où sont évoquées les différentes étapes du théâtre algérien post-indépendance, nous retiendrons ceux liés au jeu féminin. Dans « Le théâtre algérien au féminin, l'émancipation ? », Ben Achour replace le rôle de la comédienne dans son contexte réel. Pour les dames précurseurs, celles qui n'ont gagné leur place sur les planches qu'en optant pour la marginalité, nous pouvons citer Keltoum, Noria, Farida Saboundji et Fatiha Berber. Il est vrai que les comédiennes ne couraient pas les rues et celles qui avaient osé briser les tabous, ont eu le courage de s'affirmer et d'affirmer l'image de la femme : « La société algérienne dans ses côtés misogynes exerçait presque naturellement son autorité dans la pratique du quatrième art, on ne vient pas au théâtre débarrassé des préjugés sociaux... ». Il faut avouer que les « aînées » de la scène algérienne ont eu à interpréter des rôles subalternes, mais elles ont, rendons-leur cette justice, contribué à modeler l'identité de la relève féminine. Quoique, signale l'auteur, la place des comédiennes était aussi secondaire après l'indépendance et qu'elles ont eu des rôles où « on ne leur demandait pas d'exercer leur talent d'artiste comme leurs confrères, on exigeait d'elles... d'investir la sensibilité de femme expression de l'histoire ». Parlant de la distribution des rôles, Ben Achour écrit : « Les rôles principaux ne sont que rarement écrits pour artistes comédiennes... ». Qu'à cela ne tienne. La comédienne algérienne, malgré tout, a augmenté sa popularité au sein du public. De ce fait, elle arrivera, à force d'obstination, pour certaines, « à exercer le théâtre plus par passion que par métier. C'était une affaire de foi avant d'être une affaire de gagne-pain ». C'est ainsi que nous voyons émerger des « Sonia, Dalila Halilou, Fatiha Soltane, Fadéla Hamechaoui, Fadéla Assous ». Faisant référence à la libération de la société comme modèle d'émancipation par le biais du théâtre féminin, l'auteur émet cet avis s'agissant des comédiennes à s'être affranchies des « jougs rétrogrades » : « ...la force de leur présence dans ce théâtre à combat... inégal...mais qui se conjugue aujourd'hui incontestablement au féminin. » L. N. Le théâtre en mouvement de Bouziane Ben Achour, Editions Dar el Gharb