L'armée française a repris, hier, quasiment sans combattre, le contrôle de Kidal, la troisième et dernière grande ville du Nord du Mali, présentée comme le bastion d'Ansar Dine, un groupe terroriste allié à al-Qaïda au Maghreb islamique. Contrairement aux reconquêtes de Gao et de Tombouctou, les deux autres villes du Nord, l'armée malienne est restée, cette fois-ci, en retrait à la demande du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA). Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre français, souhaite le déploiement d'observateurs internationaux dans les plus brefs délais, « pour veiller au respect des droits de l'Homme », dit-il, après les exactions, les représailles et le pillage des magasins supposés appartenir à des « Arabes » assimilés à des terroristes dans les villes libérées et la destruction de 10% des manuscrits à Tombouctou. « Libérer Gao et Tombouctou très rapidement faisait partie du plan. Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu. Nous partirons rapidement », assure Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. Autrement dit, il revient aux militaires maliens et ouest-africains de tenir le terrain et de débusquer les terroristes qui se seraient disséminés, selon plusieurs experts, dans l'Adrar des Ifoghas. « Les Africains peuvent prendre le relais. Ce sont eux qui iront dans la partie du nord dont nous savons qu'elle est la plus difficile puisque des terroristes y sont cachés et qu'ils peuvent encore mener des opérations extrêmement dangereuses pour les pays voisins et pour le Mali », déclarait, lundi dernier, lors d'un point de presse à l'Elysée, François Hollande. En position de force, la France s'apprête à superviser à Ouagadougou les négociations MIA-MNLA et ce, conformément à la « feuille de route » votée, mardi, par l'Assemblée nationale malienne. « Les Touareg sont nos amis », rappelle le ministre de la Défense français, pressant les responsables maliens à discuter avec les Touareg, et d'« engager, sans plus attendre, des discussions avec les représentants légitimes des populations du nord » et « les groupes armés non terroristes ». Mais à Tombouctou, Gao et Kidal, l'heure des représailles semble avoir sonné. De nombreux Maliens « arabes » sont considérés comme les complices des terroristes.