Cet attentat, qui a provoqué la mort du kamikaze et blessé un soldat malien, a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). La plus grande ville du nord du Mali, reconquise par les forces franco-maliennes le 26 janvier, est en état de siège : postes de contrôle à l'entrée de la ville et patrouilles renforcées. La menace est prise au sérieux. « Dès qu'on sort de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux », a estimé un officier malien évoquant le « terrain miné ». Le syndrome est nettement appréhendé par un officier français. « Nous sommes dans un contexte délicat, explique-t-il. Il y a beaucoup de munitions sur le territoire. Il reste beaucoup de jihadistes isolés. Certains axes n'ont pas encore été nettoyés, et nous sommes en phase d'identification des poches de combattants. Dans les villages où l'armée française est invisible, les jihadistes reviennent ». Dans cette « nouvelle zone de conflit », allant de Kidal à Ménaka et tout « autour de Gao » où les groupes terroristes se sont repliés, la guerre asymétrique, chère aux Afghans, alliant les attaques aux attentats-suicide et la pose des mines, a commencé. De tels engins sont découverts quasi quotidiennement autour de Gao, selon Pascal Le Pautremat, docteur en histoire, expert en questions militaires, crises et conflits contemporains. Ils ont déjà coûté la vie à au moins six Maliens : quatre civils ont péri mercredi, et deux soldats le 31 janvier, lorsque leurs véhicules respectifs ont sauté sur des mines, sur la route entre Gao et Douentza, à 400 km au sud-ouest. Une lutte sans merci est engagée pour tenter d'éradiquer le fléau ravageur. Des mandats d'arrêt ont été lancés contre 26 personnes dont les chefs de la rébellion touarègue du MNLA et des groupes islamistes armés Ansar Dine, Aqmi et Mujao, a annoncé, vendredi, le parquet de Bamako. Ils sont accusés de « terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, à l'intégrité du territoire national par la guerre, l'emploi illégal de la force armée, la dévastation et le pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue », a indiqué le procureur général près la cour d'appel de Bamako, Daniel Tessogué, précisant que la CPI a été saisie de « crimes contre l'humanité, des crimes de guerre ». Poussé dans leurs derniers retranchements, le terrorisme au Mali est vaincu ? « Nous avons gagné une première bataille, mais la guerre est loin d'être terminée. Ce sera un travail de longue haleine à mener en partenariat avec nos collègues africains et les Occidentaux qui voudront bien se joindre à nous. A ce propos, beaucoup de pays européens sont jusqu'à présent restés aux abonnés absents. Or, une vraie politique commune ne se limite pas aux questions économiques, elle implique aussi des enjeux sécuritaires auxquels tous devraient contribuer. Quant à la Cédéao, elle n'a pas suffisamment de moyens. Il appartient aux Occidentaux de former, renforcer et d'équiper l'armée malienne. En plein brouillard de la guerre, il est très délicat de laisser croire que nous serons tous partis dans un mois », souligne Pascal Le Pautremat. L'appréciation objective se fonde sur la précarité de l'Etat malien en proie à ses vieux démons : les divisions récurrentes de son armée qui affiche ouvertement ses divergences au sommet. Une nouvelle mutinerie des Bérets rouges (l'ancienne garde nationale du Président déchu) a éclaté, faisant 2 morts et 13 blessés, au moment même où l'arrivée à Bamako d'un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l'armée malienne « en état de délabrement avancé », a été annoncé. L'appel à « l'union sacrée indispensable », lancé par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, sera-t-il entendu ?