Les soldats maliens ont effectué hier la sécurisation de la région de Gao, après l'arrestation de deux jeunes portant des ceintures d'explosifs et au lendemain du premier attentat-suicide recensé dans le pays. L'attentat a été revendiqué par le Mujao qui a indiqué avoir créé une nouvelle zone de conflit afin d'attaquer des convois, de poser des mines et «d'organiser des kamikazes». Pour faire face à cette nouvelle menace, les mesures de sécurité ont été renforcées. Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, renforcement des patrouilles des soldats nigériens. Selon des sources militaires françaises et maliennes, tout ce dispositif est important car plusieurs villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes. En outre, hier à Bamako, le calme était revenu après l'attaque menée par des militaires du camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée malienne, les Bérets rouges. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné vendredi soir ces «tirs fratricides» qui ont tué deux civils, et a lancé un nouvel appel à «l'union sacrée indispensable». Il a précisé que le Premier ministre Diango Cissoko recevrait demain les représentants des Bérets rouges «pour trouver une solution définitive à cette crise». L'attaque a coïncidé avec l'arrivée à Bamako d'un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l'armée malienne. Au total, 500 militaires européens sont attendus dans le cadre de cette mission. Des poursuites sont engagées contre les différents groupes armés Le procureur général près de la cour d'appel de Bamako a engagé, pour la première fois, des poursuites contre 26 membres influents des différents groupes armés qui opèrent dans le nord. «Tous font l'objet de mandats d'arrêt à exécuter tant sur le plan national qu'international», a indiqué le procureur général près la Cour d'appel de Bamako, Daniel Tessogué. Les faits qui leur sont reprochés sont entre autres terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, à l'intégrité du territoire national par la guerre, et le trafic international de drogue. Pour le MNLA, la mesure concerne des hauts responsables tels que Bilal Ag Cherif, son secrétaire général, et Moussa Ag Assarid, un de ses porte-parole vivant en France. Malgré cette annonce, Bamako estime que le dialogue est toujours possible avec ce mouvement. Ag Intalla, fils d'une des grandes familles touareg de la région de Kidal (nord), figure parmi les personnes citées comme appartenant à Ançar Eddine alors que depuis le 24 janvier, il dirige le Mouvement islamique de l'Azawad. Le procureur a également précisé que la Cour pénale internationale (CPI) a déjà été saisie pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre, sans révéler plus de détails Pour sa part, Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, a indiqué hier que la France avait dû débourser 70 millions d'euros pour soutenir son intervention militaire. Cette somme a servi entre autres au transport des 4 000 soldats et leur équipement, soit 10 000 tonnes de matériel acheminé en quinze jours, à environ 50 millions d'euros. Ce volet constitue la plus grande dépense, viennent ensuite les primes des soldats.