Depuis quelques jours, la minorité chiite est la cible d'attentats dans plusieurs pays musulmans. Quetta, une ville dans le sud-ouest du Pakistan et chef-lieu de la province frontalière de l'Iran et de l'Afghanistan, a vécu, avant-hier, l'enfer : 81 morts et plus de 170 blessés. Les chiites, qui constituent environ 20% des 180 millions d'habitants de ce pays musulman, menacent d'appeler à des contre-manifestations si les autorités n'arrêtent pas les auteurs dans les 48 heures. Il est vrai que depuis le début de l'année, les attentats qui les ont ciblés ont déjà fait près de 200 morts (400 en 2012). En Irak, où les chiites sont majoritaires, une série d'attentats à la voiture piégée a visé, hier, plusieurs quartiers de Baghdad. Bilan : au moins 21 morts et plusieurs blessés. Les violences contre les chiites se sont intensifiées ces dernières semaines dans ce pays en pleine crise politique avec des manifestations antigouvernementales contre le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, accusé de discrimination à l'égard des sunnites. Au Bahreïn, un autre pays arabe où les chiites sont majoritaires, ces derniers manifestent depuis deux ans pour revendiquer leurs droits. Le ministre de l'Intérieur, cheïkh Rached ben Abdallah Al Khalifa, a annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche, le démantèlement d'une cellule formée de « 8 Bahreïnis qui se déplaçaient entre l'Iran, l'Irak et le Liban ». Ils auraient été « entraînés au maniement des armes et des explosifs et reçu un soutien financier » de l'étranger. En Arabie Saoudite, une femme et son fils, à bord d'une voiture, ont été blessés, hier, par des tirs d'inconnus sur les forces de sécurité dans la localité de Awamiya, en tête de la contestation chiite dans le royaume. Une personne avait été tuée, le 28 décembre dernier, lors d'un échange de tirs entre des protestataires et la police à Qatif, une localité saoudienne où se concentre la minorité chiite et où des manifestations se déroulent depuis mars 2011. Le roi Abdallah a lâché du lest en août dernier, lorsqu'il avait appelé à la création d'un centre de dialogue interconfessionnel entre sunnites et chiites. Ce dialogue mettra-t-il fin au conflit confessionnel dans le monde musulman ?