Les politiques publiques en matière de santé, d'éducation, d'encouragement à l'emploi « doivent être évaluées pour une meilleure efficacité ». C'est ce qu'a déclaré, hier, l'invité du Club de réflexion et d'analyse autour de l'entreprise (Care), dans une rencontre débat, à Alger. Mais comment ? se demande le professeur Benachenhou qui reconnaît que « l'évaluation est un exercice difficile même dans les pays à tradition démocratique, institutionnelle et administrative solide ». Et où se fait l'évaluation ? Dans la sphère publique ? Dans la sphère économique ? Benachenhou a montré plusieurs secteurs où l'Etat fait un effort immense, surtout ces dix dernières années, sur le plan pécuniaire s'entend. L'évaluation, qui « doit être distinguée du contrôle aussi bien a priori qu'a posteriori », doit être un moyen de « mesurer et d'apprécier les résultats des politiques et programmes, en vue d'améliorer l'action future d'une manière cohérente ». Celle-ci est exercée par l'exécutif, par les élus, par la société civile. Mais en Algérie, les acteurs de ce contrôle sont « évanescents », selon M. Benachenhou qui ne nie pas l'existence d'institutions de contrôle et de suivi de la dépense, à l'image de la Cour des comptes, de l'Inspection générale des finances (IGF). Pour le conférencier, « on aurait souhaité que le multipartisme eût pour conséquence l'explosion des acteurs de ce contrôle, c'est-à-dire les partis, les associations.... », rectifiant plus loin qu'il est possible que la classe politique « ne s'est pas encore préparée à cet exercice ». En somme, pour M. Benachenhou, l'expérience de l'Algérie ne serait que « très limitée malgré les tentatives faites et les résultats obtenus. » Pourtant, nul besoin, selon l'ex-ministre des Finances, de brandir l'argument des sources d'informations puisque, aussi bien les chiffres de l'Office national des statistiques que le rapport de la Banque d'Algérie contiennent des éléments fiables d'appréciation. L'importance de l'évaluation dans le domaine des politiques publiques n'est plus à démontrer tant le financement sur budget de l'Etat atteint aujourd'hui les 82% du financement global. L'Etat consacre également 13% du Pib aux transferts sociaux et « 5 à 6% rien que pour les 7 produits subventionnés ». En admettant que cela soit du domaine du possible, quels sont alors les secteurs prioritaires de cette évaluation ? Le critère financier est l'argument le plus fort pour l'économiste. A titre d'exemple, l'enseignement supérieur, qui a pris « plus par rapport à son importance » avec 2,5% du Pib, doit être évalué (mais par rapport au taux de réussite, aux effectifs ?). Les hôpitaux, c'est également, l'autre axe prioritaire. Il en est de même pour les politiques tendant à favoriser l'emploi, à travers les systèmes d'aides et d'exonérations fiscales (4% du Pib). Les facilités en la matière « ont valu à l'Etat, pour l'Ansej et l'Andi 90 milliards DA en 2011, ce qui est énorme », explique l'ancien premier argentier du pays. Enfin, vient le secteur agricole qui, selon M. Benachenhou, « connaît une défiscalisation outrancière et non sélective » et qui coûte 1,5% du Pib au Trésor. Et si au moins « elle ne concernait que les filières stratégiques comme les céréales », souligne-t-il. Le professeur Benachenhou ne s'arrête pas à la sphère publique, il investit aussi le secteur des hydrocarbures qui lui, aussi, en tant que source de financement principale, doit faire l'objet d'une évaluation.