En l'espace de deux jours, deux attentats-suicides ont ciblé les forces tchadiennes et celles du Mouvement national de libération de l'Azawad. L'un à Kidal, l'autre à In Khalil. 13 militaires tchadiens ont été tués, vendredi, par des terroristes dans l'Adrar des Ifoghas, une région qui couvre Kidal, Tessalit, Aguelhoc et Tin Zaouatène. C'est la plus grosse perte enregistrée par les « coalisés » contre al-Qaïda et ses affidés depuis le début de la guerre lancée le 11 janvier 2013. Ces derniers auraient perdu, selon l'état-major tchadien, 65 des leurs. Hier, à In Khalil, une localité proche de Tessalit, où un attentat à la voiture piégée revendiqué par le Mujao a visé, vendredi, des combattants du MNLA, des affrontements ont opposé des rebelles targuis avec « le mouvement arabe de l'Azawad », créé en mars 2012. Outre ces attentats, Gao a vécu, jeudi, une attaque menée par une quarantaine d'éléments du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Cette infiltration, en plein centre de la ville qui abrite le commandement opérationnel de l'armée française, est lourde de sens. Elle démontre que les terroristes sont capables de monter des « attaques complexes » même là où la surveillance est assez marquée. Selon des analystes, des attaques similaires pourraient être organisées par les « groupuscules » terroristes qui se sont éparpillés dans le Nord du Mali pour disperser les forces de la coalition. Le Burkina Faso et le Niger, dont des troupes participent à la force africaine déployée au Mali, sont en alerte. Le Mujao parle d'attentats kamikazes programmés dans les deux pays. En Mauritanie, les Arabes-Maliens manifestent à Nouakchott, pour dénoncer les « exactions » et les « massacres à grande échelle » des Maliens à la peau claire perpétrés par des militaires maliens dans le Nord de leur pays. LES AMERICAINS ET LES RUSSES ARRIVENT ! « La situation n'est pas du tout stable », déclare le Comité international de la Croix-Rouge au Mali et au Niger. L'ONU, qui estime que la crise au Mali a compromis la scolarité de près 700.000 enfants, fait état « d'informations horrifiantes » sur les cas « d'atrocités » commises dans le Nord du pays. Les Etats-Unis redoutent, depuis quelques jours, une déstabilisation de l'Afrique du Nord. Pour parer à toute éventualité, ils déploient leurs drones de surveillance au Niger pour « mener des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ». La Russie réfléchit à une éventuelle participation à l'opération antiterroriste, selon Alexandre Zmeïevski, représentant du président russe pour la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. « S'il y a aujourd'hui des actions militaires, ça ne pourra pas être efficace à longue durée s'il n'y a pas aussi un dialogue, des efforts politiques et diplomatiques », déclare Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco encourageant la Cédéao « à poursuivre les efforts pour sécuriser le Mali et maintenir le dialogue pour l'unité et la cohésion nationale ». Kofi Annan, l'ancien SG de l'ONU, estime qu'« il n'y aura pas de paix au Mali et dans la région si l'on ne combat pas le trafic de drogue » qui finance les activités terroristes et déstabilise les gouvernements de la région.